L’esprit

Il nous est difficile de voir la réalité car nous l’observons au niveau des concepts, et sommes persuadés que ceux-ci sont réels. Nous savons que le corps n’a d’utilité que s’il fonctionne de concert avec l’esprit. Nous ne pouvons rien espérer du corps. Une fois mort, il devient inutile. Mais nous pouvons travailler l’esprit.

Où se trouve l’esprit ? Dans le cerveau, diront les psychologues et les penseurs, mais ce n’est pas le cas. Ils ne comprennent pas les causes et les effets et confondent esprit et âme, croyant que l’esprit est créé, réside dans le corps et que le corps appartient à l’esprit. Ce sont des vues fausses.

L’esprit est ce qui connaît l’objet. Les consciences visuelle, auditive, olfactive et gustative, synonymes d’esprit, apparaissent respectivement dans l’œil, l’oreille, le nez et la bouche. Sans elles, il ne serait pas possible de voir, d’entendre, sentir ou goûter. Il y a trois types de consciences tactiles : la dureté/mollesse, le chaud/froid et les vibrations ou tremblements. Ces cinq endroits, ou sièges des organes des sens, saisissent l’objet et le cerveau les organise. Mais le cerveau est incapable de saisir l’objet, il fonctionne comme une mémoire ou un disque dur. Sans logiciel, il est impuissant.

Comment pouvons-nous savoir que nous avons un esprit ? Celui-ci apparaît et disparaît très vite. Si on pratique très bien, on peut voir celui-ci après quatre ou cinq jours. On ne peut saisir chaque apparition et disparition, seulement le processus. Il faut se maintenir sur l’objet le plus longtemps possible pour le comprendre. Les apparitions se font en vertu de causes. Il y a par exemple cinq conditions pour la vision : l’œil, l’objet visuel, l’attention, le contact et l’attention.

Ceci, c’est la théorie, nous l’aurons oubliée une fois sorti de la salle. Seule l’expérience permet de comprendre la réalité. Un maître demanda un jour à son disciple s’il y avait de l’eau dans la rivière et lui demanda de la lui apporter. Il le réprimanda pourtant lui disant qu’il lui apportait une autre eau que celle qu’il avait mentionnée quelques instants plus tôt. De la même façon, il n’est pas possible de saisir l’objet si on n’est pas dans le présent. Celui-ci, à peine apparu, disparaît. On ne peut le tenir. Les psychologues et les penseurs n’ont pas cette connaissance vipassanā. La lumière d’une bougie n’est émise qu’à la condition que la mèche brûle constamment. Mais la flamme peut s’éteindre à tout moment si une seule condition vient à manquer. Peut-on dire que la lumière est présente dans un briquet éteint, ou le son dans un piano ? De la même façon, il n’y a, à l’origine, pas d’esprit dans le corps. Les différentes causes doivent agir en soutien et de façon continue. Tant que la concentration n’est pas forte, il n’est pas facile de le comprendre. C’est pourquoi, il faut pratiquer longtemps, respectueusement et en y prenant goût. Penser n’aide pas. Avec la vision pénétrante, il devient facile de solutionner les problèmes et d’être heureux.

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