L’étude théorique n’est pas indispensable

Le sutavanta sutta est identique au sīlavanta sutta en tout point sauf que c’est le bhikkhu instruit et non le bhikkhu vertueux qui devrait observer les 5 agrégats comme étant impersonnels, souffrance, une maladie, etc. Mais qu’entend-on par ‘instruit’ et quelle connaissance est-elle nécessaire pour méditer?

Nous avons besoin d’un microscope puissant équipé de l’attention, de la concentration et de la claire compréhension pour éviter d’appréhender le corps comme permanent, plaisant et propre à soi.

Si nous étudions le Visuddhimagga, nous aurons l’impression de savoir beaucoup de choses. La première section porte sur sīla, la seconde sur samādhi, laquelle explique comment se préparer à la méditation, et la troisième, sur pañña où est expliquée la méditation vipassanā. Mais la section s’étend d’abord longuement sur les agrégats, les bases sensorielles, les éléments, les facultés, la coproduction conditionnée et les 4 nobles vérités.

Le roi des devā, Sakka, demanda autrefois au Buddha quelle connaissance était nécessaire pour devenir arhat. Le Buddha répondit que pouvait pratiquer celui qui a entendu qu’il ne fallait pas s’attacher par l’avidité ou les vues fausses à ce qui est impermanent, souffrance et non-soi, ce qui n’est pas grand-chose. Le commentaire ajoute qu’il doit aussi savoir qu’il y a quatre nobles vérités, que les deux premières relèvent du monde (vaṭṭa sacca) et les deux dernières, du supramondain (vivaṭṭa sacca). Les yogis doivent pratiquer les deux premières et savoir que la dernière résulte de cette pratique. Même si le paṭicca-samuppāda est très élaboré dans le Visuddhimagga, il suffit de savoir qu’il y a un flux de causes et d’effets et que tout phénomène psychophysique survient en vertu de conditions.

Lorsque le Buddha exposa le premier sermon aux cinq ascètes, Kondañña Vappa Bhaddiya Mahānama et Assaji, ceux-ci ne connaissaient pas les 4 nobles vérités, les 5 agrégats, les 12 bases, le paṭicca-samuppāda ou l’Abhidhamma mais ils devinrent tous sotāpanna. De même, lorsque Sāriputta rencontra Assaji, il ne savait quasiment rien mais fût frappé par l’allure digne et douce d’Assaji, et au deuxième vers qu’il entendit de sa bouche, il devînt sotāpanna. Bref, savoir que les phénomènes sont impermanents et insatisfaisants suffit pour pratiquer, même si connaître les 5 agrégats est très utile pour comprendre ce que nous expérimentons, comme une carte est utile au voyageur. Si nous sommes guidés par quelqu’un qui à la connaissance théorique et pratique néanmoins, ce n’est pas indispensable.

Le commentaire explique que le yogi doit pouvoir répondre à trois questions : 1) Qu’est-ce qui est impermanent ? (Les cinq agrégats d’attachement et les cinq agrégats qui incluent aussi le supramondain). 2) Quels sont les signes de l’impermanence (il faut les voir par la pratique et comprendre ainsi la souffrance et le non-soi aussi). 3) Qu’est-ce que la vision répétée de l’impermanence (aniccānupassanā) ?

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