L’éveil de Sāriputta

Assaji résuma donc en une stance l’enseignement du Buddha pour Upatissa (futur Sāriputta): ‘ye dhammā hetuppabhavā, tesaṃ hetuṃ tathāgato āha, tesañca yo nirodho, evaṃ vādī mahāsamaṇo’. ‘Ces dhammā (dukkha sacca) sont apparus en raison de certaines causes (samudaya sacca), et il existe cet état (nibbāna) où ils viennent à cesser. Le béni a enseigné cette cessation.’ Upatissa réalisa instantanément le premier degré de sainteté (sotāpanna) car il avait investi dans le Dhamma au cours de ses vies antérieures et avait fait le vœu de devenir premier disciple d’un Buddha, retardant ainsi son illumination. Sans l’enseignement du Buddha néanmoins, nous ne sommes pas en mesure de comprendre qu’il n’y a pas de personne en dehors de ces dhamma évoqués par Assaji, qui sont souffrance. Depuis la naissance, le corps et l’esprit (nāma et rūpa) apparaissent et disparaissent incessamment, à chaque occurrence de la vision, de l’audition, de l’olfaction, de la gustation, du toucher et de la cognition. Ils sont le résultat de l’avidité (taṇhā) et de l’attachement (upādāna) à notre moi. Il n’y a pas de personne en dehors des six bases sensorielles, des six objets des sens et des six consciences sensorielles. Si nous ne sommes pas libérés de taṇhā et upādāna, nous sommes condamnés à reprendre naissance dans les plans supérieurs ou inférieurs en fonction de la qualité de nos actions.

Upatissa, Kolita et 250 disciples écoutèrent ensuite un sermon du Buddha. Les 250 disciples devinrent tous arhat. Upatissa et Kolita prirent le nom respectif de Sāriputta et Moggallāna. Il fallut au second sept jours pour devenir arhat et au premier 15, car il pratiquait anupadadhamma et devait passer chaque étape en revue.

Plus tard, le Buddha expliqua à Dīghanakha, neveu de Sāriputta, que ce corps était constitué des quatre éléments primaires, créé à partir du sperme et du sang des parents, composé de nourriture, qu’il exigeait des soins constants avec des massages, des onguents, etc., ce qui ne l’empêchait pas de se désintégrer finalement ; qu’il fallait par conséquent le considérer comme un mal chronique, une tumeur, étranger, dépourvu de soi, etc.  Ainsi, l’attachement au corps serait abandonné. Les ressentis, plaisants, déplaisants ou neutres, ne peuvent être ressentis qu’un seul à la fois, sont conditionnés, impermanents et sujets à la cessation. Il faut poursuivre l’observation quand les ressentis déplaisants font place aux plaisants, puis aux neutres. Ainsi la méditation devient-elle continue, les ressentis apparaissant comme des gouttes sur un corps nu qui marche sous la pluie, lesquelles semblent provenir d’une source externe. Ainsi se développent la lassitude et le désenchantement (nibbidā). L’avidité disparaît peu à peu et, finalement, la connaissance du chemin peut émerger. Dīghanakha devînt sotāpanna au terme du discours, car il notait les ressentis tout en écoutant, et Sāriputta qui éventait le Buddha, devînt arhat.

Selon l’anupada sutta, c’est en émergeant des jhāna et en contemplant leurs caractéristiques que Sāriputta serait devenu arhat, et selon un troisième sutta, il l’aurait fait en contemplant les processus physiques et mentaux. Mais nous pouvons combiner ces trois versions.

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