L’exhortation du Buddha

Jhāyatha, bhikkhave, mā pamādattha; mā pacchā vippaṭisārino ahuvattha. ayaṃ vo amhākaṃ anusāsanī. « Pratiquez la méditation, bhikkhū, ne soyez pas négligents, n’ayez pas de regrets par la suite. Ceci est mon conseil pour vous. » Le Buddha dit aussi que tant que satipaṭṭhāna sera pratiqué, son enseignement ne disparaîtra pas du monde. Nous devons comprendre l’occasion unique que nous avons de pratiquer : les Buddha apparaissent très rarement dans le monde, car ils doivent d’abord perfectionner leurs pāramī pendant des éons. C’est ce que notre Buddha, par compassion pour tous les êtres, choisit de faire quand il rencontra le Buddha Dīpaṅkara, plutôt que d’atteindre l’illumination. La nuit de son illumination, dans sa dernière existence, il résolut de ne pas se lever tant qu’il n’aurait pas atteint son but. Il se remémora toutes ses vies passées à la première veille de la nuit, développa l’œil divin à la seconde et se débarrassa de toutes les pollutions mentales avant l’aube.

Le Buddha instruisit aux bhikkhū d’abattre la forêt du désir, avec ses gros et petits arbres. Pendant la méditation, dès que nous voyons, entendons, sentons, goûtons, touchons ou pensons, il faut noter « voir, entendre, … ». Si nous notons de façon pénétrante, le désir (taṇhā), ne peut se manifester. Si nous n’y prenons garde, le désir mène à l’attachement (upādāna). Nous pouvons commettre à notre insu des actes négatifs (akusala), et reprendre naissance, dans les plans inférieurs (apāya).

Il ne faut donc pas seulement noter soulèvement et abaissement de l’abdomen, mais tous les contacts sensoriels. En maintenant l’esprit sur l’objet primaire néanmoins, les autres objets deviendront faciles à noter. Sans la présence de l’œil, de l’objet visible et de la conscience visuelle, la vision ne se produit pas. Leur convergence amène le contact, qui provoque un ressenti (nous aimons ou n’aimons pas l’objet). Le ressenti fait émerger taṇhā, qui à son tour induit upādāna, la saisie. Upādāna amène le devenir (bhava) qui cause la naissance, le vieillissement, la mort, les lamentations etc. (jāti, jarā, maraṇa, parideva, …) Cette chaîne de causes et d’effets doit être coupée par l’attention. Si nous notons « voir », le désir n’apparaît pas et l’esprit ne va pas au-delà de la vision. Cela demande une forte énergie mentale et de la détermination. Les êtres ordinaires ont beaucoup de sensations fortes et le désir est encore très actif en eux. Au plus ils aiment un contact sensoriel, au plus le désir se renforce. Il est difficile de renoncer à des objets très attirants. Les désirs subtils aussi doivent être notés, comme les belles images que peut faire apparaître la concentration. Le yogi qui ne les note pas peut être emporté par le désir, ou la peur, en fonction de la vision.

Les sons aussi doivent être notés. Ils apparaîtront parfois discontinus, ou très clairs, ou comme lointains ou méconnaissables. Lorsque l’attention sera forte, nous pourrons voir si du désir est présent. Parfois, nous constaterons qu’il n’y a ni ressenti agréable, ni désagréable. Ce sont les ressentis neutres.

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