Matérialités passées, présentes, futures, internes et externes

Kondañña, Vappa, Bhaddiya, Mahānama et Assaji étaient déjà sotāpanna et avaient déjà surmonté la vue fausse du soi (diṭṭhi vipallāsa), pourquoi le Buddha leur demande-t-il dès lors de se débarrasser de atta? Mahasi offre trois pistes explicatives. ① le sīlavanta sutta indique que même les arhats méditent sur la nature du non-soi ② si les sotāpanna se sont débarrassés de diṭṭhi vipallāsa, ils ne sont libres de saññā et citta vipallāsa que lorsqu’ils méditent ou y réfléchissent spécifiquement. Ayant des perceptions fausses, ils ont encore de la vanité ou du désir sensuel ③ Le vénérable Yamaka qui avait déjà atteint le stade d’anāgāmi a précisé que s’il était libre de la vue fausse du soi par rapport aux cinq agrégats pris individuellement, il ne l’était pas par rapport à ceux-ci pris dans leur ensemble. Des perceptions erronées restent donc possibles. Cela peut expliquer pourquoi les sotāpanna peuvent encore opter pour la vie de couple.

Les yogis observent chaque matérialité du présent et les voient disparaître au moment même où elles apparaissent. Les matérialités passées n’atteignent pas le présent, et les présentes, pas le futur. Ils en déduisent que toutes les formes de matérialités, présentes, passées et futures sont impermanentes, effrayantes, souffrance, qu’il n’y a pas d’entité de contrôle, d’entité permanente, d’agent, d’expérimentateur, d’essence propre mais qu’il s’agit seulement de phénomènes, comme on peut le lire dans le Visuddhimagga.

On pense ordinairement que les matérialités externes comme l’air ou la nourriture pénètrent à l’intérieur du corps et se transforment en matérialités internes. On pense que les matérialités internes comme la salive ou l’urine sont expulsées du corps et deviennent des matérialités externes. Mais c’est le fruit de notre imagination. En réalité, il n’en est rien. Il en va de même des matérialités grossières ou subtiles, inférieures ou supérieures, éloignées ou proches. Elles peuvent toutes être vues pour ce qu’elles sont réellement dans la méditation.

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