Méditation dans les activités quotidiennes et douleurs

Il faut maintenir l’attention du lever au coucher, sans interruption. Au réveil, il faut observer l’objet prédominant : pensée, bruit, sensation. Toutes les activités de la journée : s’habiller, ouvrir et fermer les portes, cligner des yeux, se laver, aller aux toilettes, manger, boire, etc. doivent être observées de façon détaillée, sans interruption, de façon à comprendre leur nature. Cette pratique est aussi importante que l’assise ou la marche et permet une progression naturelle.

Deux choses soutiennent cette pratique : ❶ ralentir les mouvements. Cela permet de découvrir un monde de nouvelles expériences et de développer la concentration. ❷ contrôler les sens. Regarder ou écouter est très distrayant. Il faut contrôler le sommeil et dormir entre 4 et 6 heures. Il faut se comporter comme si l’on était muet et éviter de parler, comme un aveugle, un sourd et un invalide qui se déplace lentement.

Comment gérer la sensation désagréable qui apparaîtra probablement après 20 ou 30 minutes ? Les débutants et les impatients voudront bouger, ce qui nuit à la concentration. Il y a trois stratégies : ① observer le cœur de la douleur de façon pénétrante au-delà de son apparence extérieure, sans interruption et sans réagir. C’est fatiguant. ② Si le degré d’énergie, d’attention et de concentration nécessaire ne peut être maintenu, on passe à la deuxième méthode qui consiste à jouer avec la douleur en alternant observation pénétrante et observation plus relâchée ③ Si l’esprit reste tendu malgré tout, on observe l’abdomen. Mais si la douleur ne diminue toujours pas, on peut bouger très attentivement.

Les yogis se focalisent sur la peur de devoir endurer la douleur toute la retraite. La douleur peut pourtant subitement disparaître et faire place à la paix, permettre de comprendre l’impermanence, la souffrance et le non-soi. Les sensations n’obéissent pas à notre volonté. Sans courage et patience, il n’y aura néanmoins pas de concentration et de sagesse. Il faut se dire que tant que nous aurons un corps, nous devrons endurer la douleur et se rappeler que nous ne sommes pas les seuls.

Les yogis ont tendance à rejeter la douleur et à développer l’irritation et la colère, ou l’avidité si l’objet est plaisant. Or le but de vipassanā, c’est d’éliminer colère et avidité. Il faut développer une attitude correcte et ne pas nourrir le désir subtil de faire disparaître la douleur. Le but est de comprendre sa vraie nature. Il faut l’accepter entièrement et développer un esprit curieux et ouvert. Il faut se relaxer et observer ❶ sa nature (élancement, pincement, percement ?) ❷ son intensité, ❸ sa localisation (statique, en mouvement ?) et ❹ sa durée. Il faut la considérer comme un ami qui peut nous offrir le trésor de la sagesse. Elle permet la concentration dans la mesure où l’esprit qui l’observe ne vagabonde pas. A terme, les yogis pourraient aimer la douleur. La patience qu’elle nous apprend nous servira dans la vie quotidienne. Il faut se souvenir que ce corps mourra et en extraire l’essence : la sagesse.

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