Mettā bhāvanā 1

Mettā bhāvanā est l’amour bienveillant développé à l’égard des autres. Une seule pensée d’amour bienveillant est déjà vertueuse. Karuṇā bhāvanā est le développement de la compassion comme dans la phrase ‘dukkha muccantu’. Mudita bhāvanā est un sentiment de joie développé pour le bonheur des autres. On leur souhaite de le conserver : ‘Yathāladdhasampattito mā vigacchantu’.  Upekkhā bhāvanā est un sentiment neutre d’absence d’inquiétude par rapport au sort des autres, comme lorsque l’on récite ‘kammassakā’, et que l’on réalise que les conséquences bonnes ou mauvaises des actes sont inévitables. Il s’agit des quatre demeures sublimes (brahmavihāra).

La pratique de mettā est expliquée dans le Visuddhimagga. Elle n’est jamais qu’un élément de notre pratique. Mettā est défini comme ce qui peut dissoudre, ce qui adhère. Si on n’oublie pas d’enduire notre moteur d’huile, on oublie trop souvent de lubrifier nos relations humaines. Un peu de mettā suffirait pourtant à éviter quantité de haines et de rancunes. Il s’agit d’un désir sain, non pollué par l’avidité (rāga), de voir les autres heureux. Lorsqu’il est présent dans notre cœur, nous sommes en paix, et notre bienveillance peut réellement atteindre ceux à qui nous l’envoyons. L’harmonie peut ainsi prévaloir dans la société.

Nous rayonnons d’abord mettā vers nous-mêmes : puissé-je être libre du danger, de la souffrance mentale et physique et capable de porter le fardeau de mes propres agrégats avec bonheur. Nous ne le faisons pas dans l’intention d’acquérir des mérites ou de développer la concentration. Nous nous prenons comme étalon : de la même façon que je m’inquiète avant tout de on propre bien-être, les autres aussi s’aiment aux-même avant tout et il faut donc éviter de leur nuire. Le Visuddhimagga relate l’histoire d’une personne qui cherchait en vain dans le monde une personne plus digne d’affection qu’elle-même.

Nous rayonnons ensuite mettā en direction de professeurs dignes de respect, de grands-parents, d’oncles, etc. L’esprit devrait se porter vers cette personne et puis transmettre un sentiment de mettā en pensant, mille, dix-mille ou cent-mille fois « puisse-t-elle être heureuse ». Si nous voulons développer jhāna samādhi, il faut développer mettā sans interruption, sauf au moment de dormir. Les pensées sont des empêchements (nivāraṇa). Il faut les rejeter et développer mettā de façon continue. Si la concentration est présente, les pensées vont faiblir et l’esprit restera fixé sur l’objet, c’est la concentration d’accès (upacāra samādhi).

Même si des voleurs nous scient les jambes dit le Buddha, développer à leur égard un sentiment de haine ou de vengeance serait contraire à son enseignement. Celui qui se met en colère pour répondre à la colère est en faute, car il suit sciemment la mauvaise voie empruntée par son interlocuteur. Une personne colérique aura peu d’amis et recevra peu d’aide. Les coléreux ne peuvent renaître dans une destination heureuse (sugati). S’il ne parvient pas à éliminer la colère, il devrait concentrer son esprit sur les bonnes actions de son ennemi. Le visuddhimagga énumère d’autres méthodes que nous verrons demain.

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