Mettā bhāvanā 2

Lorsque nous pratiquons mettā, il faut comprendre les désavantages de la colère. Il faut éviter de penser aux défauts de nos ennemis et nous concentrer sur leurs comportements positifs.

Le Visuddhimagga propose dix réflexions sous forme de vers : ① ton ennemi peut nuire à ton corps mais pas à ton esprit. Il ne faut pas laisser l’esprit souffrir mais le renforcer et le faire mûrir. ② les actes de nos ennemis sont motivés par leur esprit en colère. Pourquoi se faire l’esclave de cette colère. ③ Les phénomènes physiques et mentaux (nāmarūpa) qui causent la souffrance sont transitoires. Pourquoi se quereller avec des facteurs qui ont déjà cessé d’exister ? ④ Pour que la colère apparaisse, bourreau et victime doivent être présents. Si nous sommes nous-mêmes l’une des deux causes, pourquoi concentrer tous les reproches sur l’autre ? ⑤ Le kamma est la seule chose que nous possédions réellement, dont nous sommes sûrs d’hériter, notre parent et notre refuge. La colère peut nous mener en enfer. Se mettre en colère revient dès lors à se condamner comme quelqu’un qui, brûlé par des charbons ardents ou sali par des excréments, se mettrait en s’en enduire et à les porter.

Il nous faut aussi comprendre les avantages de la patience. Celle-ci soutient la pratique de la charité, de la moralité, qui nécessite de la tolérance, et de la culture mentale, notamment pour maintenir la posture. Le Buddha a qualifié la patience de « plus noble et plus élevée des pratiques ». Elle mène au nibbāna dit-on. Développer les pāramī aussi nécessite de la patience. Nos accomplissements dans la vie seront à la mesure de la patience dont nous disposons. Dans la pratique de mettā, la patience est indispensable. Il nous faut y réfléchir avant de pratiquer mettā

Chaque fois que nous croisons quelqu’un, il faut souhaiter qu’il soit heureux et en bonne santé. Mettā peut être rayonné par le corps, la parole (vacīkamma) ou l’esprit (manokamma).

Dans le paṭisambhidāmagga, mettā est rayonné en direction de 5 groupes universaux (anodhisa) : (sabbe sattā, pāṇā, bhūtā, puggalā – qui s’ajoutent à la communauté en naissant (pu) ou s’en retranchent en mourant (gala) -, attabhāvapariyāpannā), et 7 catégories spécifiques (odhisa) (sabbā itthiyo, purisā, ariyā, anariyā, devā, manussā, vinipātikā).  Au total, 12 groupes vers lesquels nous rayonnons mettā de quatre façons : puissent-ils échapper aux dangers internes comme les maladies ou externes, être libres de la souffrance mentale, physique et capables d’assumer le fardeau de l’existence. Ce dernier point est très significatif : il faudrait tout mettre en œuvre pour garantir une bonne santé et des moyens d’existence convenables qui seront la cause du bonheur et, du point de vue des affaires du monde, apporteront la satisfaction. C’est pourquoi nous devrions énoncer ces vœux avec bienveillance et beaucoup de sérieux.

Combiner mettā et vipassanā (yuganaddhā mettā) est très agréable. On observe que l’esprit qui rayonne de façon continue est très pur, qu’il ne va nulle part. On observe les ondes sonores qui apparaissent et disparaissent).

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