Mettā bhāvanā 3

Au cours d’une retraite vipassanā, on ne pratique mettā que brièvement. Mais une pratique complète de mettā selon le paṭisaṃbhidāmagga, peut se faire selon 528 modes différents.

Nous avons vu hier qu’il y avait 5 groupes universels (anodisa) et sept groupes spécifiques (odisa) vers lesquels on pouvait rayonner mettā selon 4 modes (puissent-ils être libres du danger, etc.), ce qui fait 48 façons de rayonner mettā au total, sans spécifier de direction (disa anodisa). Si on leur ajoute les 48 x 10 façons de rayonner mettā en spécifiant une des dix directions, cela fait 48 + 480, soit 528 façons de rayonner mettā.

On peut combiner mettā et vipassanā lorsque la concentration est bonne, en se concentrant sur l’onde sonore de notre récitation qui disparaît. Pour certains yogis dont les pāramī sont mûrs, il est possible d’atteindre l’absorption en pratiquant mettā. Le Buddha a pratiqué les pāramī pendant 4 périodes incalculables et 100.000 ères cosmiques, notamment la patience et la tolérance, comme l’illustre la vie antérieure qu’il raconta lorsque son cousin Devadatta tenta de le tuer avec une pierre. Il était alors roi des singes :

Devadatta à cette époque était un vacher. Il avait laissé ses vaches s’éloigner dans la forêt alors qu’il bêchait. Parti à leur recherche, il s’égara pendant 7 jours dans la forêt avant de trouver un arbre fruitier. Affamé, il dévora les fruits sans prendre garde au ravin dans lequel il tomba. Sa chute fût amortie par l’eau mais il resta coincé dix jours. Le roi singe l’entendit et le remonta à grand peine avant de s’endormir d’épuisement. L’idée stupide de le manger traversa alors l’esprit de l’homme, mais comme il était faible, il le blessa seulement à la tête. Le singe s’enfuit, mais doté déjà d’une grande compassion et d’une capacité à pardonner, il ne put abandonner l’homme et l’aida à sortir de la forêt.

Le Buddha émis le souhait que ses vertus lui fassent gagner l’omniscience. Ce type de mérite (puñña) peut amener une conscience de renaissance de Buddha, conscience pourvue de trois racines, puissante et spontanée. Selon les anciens commentateurs, ce type de conscience s’accompagne de sukha, et non d’upekkhā, car un esprit qui rayonne mettā est empli de bonheur.

La capacité à pardonner est nécessaire à la pratique. Il faut pouvoir demander pardon sans quoi la culpabilité peut nous hanter pendant la pratique. Il faut aussi pouvoir pardonner pour nous débarrasser de la colère et de la rancune. Et il faut enfin pouvoir nous pardonner à nous-mêmes, ce qui peut s’avérer plus difficile encore parfois mais est nécessaire pour ne pas laisser la haine perturber notre méditation.

Il y a 11 bénéfices à la pratique de mettā : sommeil et réveil paisibles, absence de cauchemars, être chers aux humains et aux non-humains, protection des déités, invulnérabilité aux armes et aux poisons, concentration facile, expression faciale sereine, absence de confusion à la mort et, si on pratique les absorptions, renaissance dans les plans de brahmā ou plus.

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