Mettā sutta : qualité et champ d’application

na paro paraṃ nikubbetha, nātimaññetha katthaci na kañci.
byārosanā paṭighasaññā, nāññamaññassa dukkhamiccheyya.

Ce vers que nous avons vu hier concerne la vie sociale. Il est très utile pour nous, notre famille ou notre organisation. Il s’agit de la pratique, plus difficile que la théorie.

mātā yathā niyaṃ puttamāyusā ekaputtamanurakkhe.
evampi sabbabhūtesu, mānasaṃ bhāvaye aparimāṇaṃ.

Traduction : « Ainsi qu’une mère protège son unique enfant au péril de sa vie, il nous faut chérir tous les êtres avec un amour sans limite. »

Il faut imaginer des parents qui veulent un enfant sept ans durant. Une fois l’enfant né, la mère le protège alors comme s’il s’agissait de sa propre vie. Nous devons nourrir la même intention à l’égard de tous les êtres quand nous pratiquons mettā.

Est-il possible de voir tous les êtres comme cet enfant? Cela paraît effectivement impossible mais le seigneur Buddha l’a fait. Il a accordé le même amour à tous les êtres qu’à son fils Rāhula. Il pouvait voir tous les êtres de son œil divin et s’est souvenu de millions de vies antérieures et de millions de familles auxquelles il s’est attaché avant d’en être arraché. Dans la roue de l’existence, nous sommes tous des voyageurs et personne n’est étranger. Nous avons déjà rencontré tout le monde dans le passé, un peu comme lors d’un voyage en train, en avion ou en bateau où nous croisons beaucoup de monde. Le Buddha se demande constamment comment aider les autres. Il envoie mettā si la personne est heureuse, karuṇā si elle est malheureuse, se réjouit si quelqu’un atteint la libération (muditā) et face à Devadatta, pratique upekkhā, lui disant « ok, va ton chemin ! ». Il adapte sa pratique selon les circonstances.

Est-il possible d’envoyer mettā même aux serpents dangereux et aux ennemis ? C’est possible, mais à la fin du processus. Nous commençons par rayonner mettā en direction de nos proches et terminons par nos ennemis. Si un rival au bureau nous combat, nous prenons des distances et évitons de contre-attaquer. En réalité, les autres nous renvoient l’image que nous leur envoyons, comme notre reflet dans le miroir nous renverra immédiatement ce que nous lui donnons. Il nous faut d’abord nous changer nous-mêmes.

mettañca sabbalokasmi, mānasaṃ bhāvaye aparimāṇaṃ.
uddhaṃ adho ca tiriyañca, asambādhaṃ averamasapattaṃ.

Traduction : « Libre de toute colère et d’ennemis externes, qu’il cultive un esprit d’amour bienveillant illimité qui imprègne le monde entier en haut, en bas et à travers. »

Il faut ouvrir son esprit à tous les êtres et envoyer mettā. Sabbaloka : tous les mondes, aparimāna : illimité, uddhaṃ : en haut, adho : en bas, tiriyaṃ : renvoie aux huit directions. Cela fait donc dix directions au total, comme dans le mettā bhāvanā. Asambhādaṃ : sans omission, même s’il s’agit d’un ennemi, averaṃ : amical, asapattaṃ : sans inimitié. Dans ce vers est expliqué le champ d’application de mettā : nous commençons par nos proches et terminons par tous les êtres.

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