Nature réelle des volitions et consciences & attachement par taṅhā, māna et diṭṭhi

Trois dhamma accroissent et prolongent nos souffrances dans le saṃsāra : l’avidité (taṇhā), la vanité (māna) et les vues fausses (diṭṭhi). Sans pratiquer, on croira que nos actions volitionnelles (saṅkhārā), le désir d’aller, de se lever, d’avancer la jambe, de parler, de regarder, de mâcher la nourriture, de s’asseoir, de pencher, de penser, de voir, entendre, regarder, écouter, etc. sont bonnes et plaisantes (attachement par l’avidité), que l’on est capables de les accomplir, mieux que les autres (attachement par la vanité), et que c’est moi qui marche, pense, entend, etc. (attachement par les vues fausses). En les observant, le yogi les voit disparaître aussitôt, elles sont impermanentes et on ne peut en jouir. Est-il juste dès lors de les considérer comme miennes (taṇhā), comme moi (māna) et comme mon moi (diṭṭhi) ? C’est ce que le Buddha demanda aux bhikkhū. En observant de la sorte, on écarte ces trois facteurs négatifs.

Les consciences sont-elles permanentes ou impermanentes ? Impermanentes répondirent les bhikkhū. Le mot conscience est plus restrictif que le mot esprit et n’inclut pas les activités volitionnelles telles que la colère, etc. Les gens sont très occupés, n’ont pas le temps d’observer l’esprit et s’imaginent que c’est le même esprit qu’ils avaient dans l’enfance qui existe maintenant et qu’il continuera d’exister jusqu’à la mort voire au-delà. Mais les yogis qui notent les pensées, planifications, etc. et les voient disparaître aussitôt ne le voient pas comme permanent. Le centre est très agréable mais ils voient les consciences visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles apparaître et disparaître rapidement sans cesse. Lorsque la concentration est forte, la vision apparaît incessamment sous forme de segments, l’esprit qui note apparaît et disparaît lui aussi. Les gens ordinaires se réjouissent de l’esprit passé et présent et désirent l’esprit futur, c’est l’attachement par avidité. Ils pensent que c’est le même esprit qui perdure et est doté de qualités spéciales comme l’intelligence. C’est l’attachement par la vanité. Mais si on note, ce type d’attachement n’apparaît pas. Ils pensent que ce sont eux qui vont et qui font des choses. C’est la vue fausse du moi-agent (kāraka atta). Certains enseignants enseignent l’éternité du soi. Mais ces consciences variées sont impersonnelles. Les phénomènes n’apparaissent que si les conditions sont présentes, qu’on le veuille ou non. S’il y a vision, c’est parce qu’il y a l’œil et la forme visible. S’il y a pensée, c’est parce qu’il y a la base de l’esprit (bhavaṅga) et les objets mentaux. S’il y a conscience de noter, c’est parce qu’il y a l’intention de noter et les objets à noter. On aimerait que la bonne concentration dure éternellement, mais ce n’est pas en notre contrôle.

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