Noter les objets des six sens : assise, marche et activités quotidiennes

En méditation assise, observer les mouvements de l’abdomen et maintenir l’attention la plus longtemps possible. Si une sensation interfère, ne pas oublier de noter sinon l’esprit va s’envoler. Il faut un puissant effort pour attraper l’objet et le noter. Il deviendra ainsi de plus en plus facile de noter les objets et de comprendre leur nature. Chaque fois que l’on note, les impuretés mentales telles que l’avidité, la colère et l’illusion ne peuvent pénétrer l’esprit. C’est la purification momentanée. Si on oublie de noter, l’esprit s’embrumera et la somnolence viendra, ou alors l’agitation. Il faut voir ces deux facteurs comme des empêchements et les noter aussi. Au plus longtemps nous nous maintiendrons sur l’objet primaire, au mieux.

Après une heure d’assise, nous passons à la marche. Il faut là aussi développer l’attention. L’objet primaire, ce sont les jambes. Nous passons d’une à deux puis trois notes par pas. L’observation se fait graduellement de plus en plus précise et le mouvement se ralentit. Il faut maintenir le regard vers le bas, les mains jointes et noter les pensées si elles se manifestent.

Pendant les activités quotidiennes aussi il faut développer l’attention. Quand nous montons l’escalier, nous habillons, nous déplaçons, nous douchons, passons aux toilettes, ouvrons une porte, etc. Il faut respecter le noble silence. Nos cinq sens sont ouverts sur le monde, il est donc possible que nous entendions un oiseau par exemple. Il ne faut pas se laisser distraire et noter ‘entendre’. Noter ‘envie de regarder’ si l’envie nous vient, mais s’en abstenir. Dans les activités quotidiennes, les pollutions mentales pénètrent facilement l’esprit qui réagit aux objets des six sens en aimant, n’aimant pas ou sans les voir clairement, générant du désir, de l’aversion et de l’illusion respectivement dans l’esprit. Si nous voyons clairement ces objets, nous comprenons leur véritable nature.

Lorsque nous mangeons, nous nous rendons attentivement au réfectoire. Si nous oublions de noter ‘voir’ en voyant la nourriture, l’avidité va inévitablement apparaître. Il faut noter de façon détaillée chaque action : déposer dans la bouche, mâcher, avaler, etc. Ces petits désirs et aversions ne sont pas forts, mais après une semaine de retraite, quand la concentration est renforcée, ils vont perturber la méditation comme une poussière qui ne gêne pas tant qu’elle se pose sur la main, mais qui dérange quand elle vient dans l’œil qui est plus sensible.

Au début, il est difficile de maintenir l’esprit qui s’agite comme un poisson hors de l’eau. À force de l’empêcher de retourner à l’eau néanmoins, le poisson finit par abandonner la partie et devient utilisable, comme l’esprit qui devient malléable. Nous avons beaucoup d’attachement pour le goût, mais en l’observant précisément, nous voyons qu’il ne dure qu’un bref instant et dépend de l’organe de la langue. Il ne peut provenir de l’oreille ou du nez. Tout n’est que causes et effets. Avec une forte attention, concentration et compréhension, nous pourrons dépasser le concept, mais ce sera progressif.

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