Observer les douleurs

Il y a deux types de contemplation des ressentis (vedanānupassanā satipaṭṭhāna) : celle des ressentis physiques (kāyika vedanā) et celle des ressentis mentaux (cetasika vedanā). Il est naturel d’avoir peur des sensations déplaisantes, mais ce n’est pas nécessaire. Les douleurs, vertiges, démangeaisons, nausées, balancements, etc. sont très souvent expérimentés et suscitent le découragement. Nous pensons que nous n’atteindrons pas la libération dans cette vie.

Il est nécessaire de connaître la bonne méthode. Il ne faut pas observer la douleur dans le but de la faire disparaître, car cela revient à introduire l’impureté mentale de l’avidité (lobha) dans l’esprit et les progrès seront ainsi très lents. Il ne faut pas non plus adopter une attitude agressive qui cherche à anéantir la douleur, car la colère sera ainsi présente à chaque note mentale et le progrès s’en trouvera considérablement ralenti. Il faut observer la douleur dans le but de comprendre sa véritable nature, sans se focaliser sur la forme extérieure.

Quatre aspects doivent être examinés : ❶ la nature ou la qualité de la sensation. Il y a une grande variété de douleurs : fracassantes, piquantes, perçantes, perforantes, coupantes, déchirantes, comprimantes, dures, brûlantes, etc. ❷ l’intensité. Augmente-t-elle ? Diminue-t-elle ? Change-t-elle de nature ? ❸ la localisation. Parfois elle irradie, évolue en cercle ou en zigzag ou alors disparaît avant de réapparaître ailleurs avec une nature légèrement modifiée. ❹ la durée. Certaines douleurs sont instantanées, d’autres durent quelques minutes et d’autres, toute la séance. La patience et la détermination sont importantes. Il faut éviter de changer de posture et d’interrompre ainsi la concentration. La compréhension de la véritable nature sera proportionnelle au degré de concentration. Sans concentration, nous ne réalisons pas le degré d’inconfort dans le corps. Comme une gouttelette examinée au microscope, une douleur devient intéressante quand nous observons les innombrables petits mouvements en son sein. Il faudra parfois diriger l’attention au cœur de la douleur, mais défocaliser un peu si la douleur est trop intense, voire changer d’objet d’observation. Les douleurs doivent être observées de façon très pénétrante : se situent-elles dans la peau, la chair, l’os, la moelle ? C’est comme si nous ajustions le microscope.  Après avoir noté trois ou quatre fois, la douleur se sera intensifiée. En continuant à noter trois ou quatre fois, elle diminuera. À terme, nous verrons que vedanā apparaît et disparaît, ainsi que l’esprit qui le note. Nous comprendrons que vedanā est impermanent.

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