Observer les six processus sensoriels

Le mahāsatipaṭṭhāna sutta a été délivré au pays des Kuru, un peuple en bonne santé physique et mentale grâce au quatre sappāya (logement et nourriture appropriés, amis spirituels non coléreux, sujet de méditation approprié) Le Buddha parle tantôt des agrégats, tantôt des quatre éléments, tantôt des facultés et tantôt des nobles vérités quand il délivre son enseignement. En réalité, l’essence est chaque fois la même, à savoir la non-négligence (appamāda), mais il s’adapte en fonction des capacités de l’auditoire.

La troisième section de l’observation des dhamma, c’est āyatanapabba. Il y a six bases internes qui servent de bases à leurs consciences respectives et six bases ou objets externes (ārammaṇa) qui peuvent être agréables ou désagréables. Au total, douze bases. Lorsqu’un puthujjana voit un objet agréable, désagréable ou neutre, lobha, dosa ou moha se manifestent. Mais le yogi qui a compris dukkha, anicca et anatta, sait qu’il n’y a personne qui voit. Le but de la pratique est de voir la nature réelle de l’objet. Il en va de même des sons, odeurs, saveurs, impressions tactiles de douceur ou de dureté. Si on ne note pas, la tendance à l’avidité ou à l’aversion vont se manifester. L’esprit du puthujjana est comparé à un singe.

Lorsque sa concentration est forte, le yogi peut voir des nimitta. Il pense que sa méditation est très bonne et cesse de noter, il commence à s’attacher à ces objets conceptuels, beaux ou effrayants. Ils pourraient être dus à son imagination et il doit continuer à noter pour voir leur nature. Parfois de véritables nimitta apparaissent, fruits de la pratique.

Les connaissances intellectuelles ou déductives ne sont pas nécessaires au yogi. Seule la connaissance expérimentale compte. Il ne faut pas connaître l’Abhidhamma pour comprendre que la conscience visuelle apparaît en raison de l’œil et de l’objet visuel. La présence de ces trois facteurs conditionne le contact (phassa), qui peut être fort ou faible, en fonction des conditions. Même si un yogi qui note bien, sans penser ou analyser, est capable en principe de percevoir ces subtilités, il doit se contenter de noter « voir ». Le contact conditionne vedanā. Selon que l’objet est agréable ou désagréable, la personne est heureuse ou malheureuse. Un ressenti plaisant cause l’apparition de taṇhā qui, à son tour, conditionne upādāna (la personne ne parvient plus à oublier l’objet qui lui revient constamment en mémoire, est agitée et ne peut trouver le sommeil). Si on omet de noter, on sera tourmenté.

Pour parvenir à noter et à empêcher le désir et l’attachement de nous envahir, il faut développer ātapa, satimā et sampajāna (vision complète et approfondie). Les instructions sont simples mais la pratique est difficile. Le Buddha compare cela au poisson qui, attiré par un contact plaisant, mord l’hameçon et se condamne à souffrir. Mais le yogi attentif fait la distinction entre la sensibilité matérielle et l’aspect mental de l’esprit qui note. Il comprend que la conscience a surgi à cause de l’objet visible.

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