Observer les trois types de ressentis

Nous observons les ressentis plaisants, déplaisants et neutres. Il s’agit de facteurs mentaux, mais aussi d’un agrégat, notamment parce qu’ils peuvent être passés, présents ou futurs. Dans la pratique de vipassanā, le but est de comprendre la nature des ressentis. On comprend peu à peu qu’ils ne durent pas, comme des bulles qui disparaissent aussitôt. Avec l’énergie et la concentration, on atteint successivement les stades d’udayabbayañāṇa et de bhaṅgañāṇa. On voit alors les ressentis disparaître segment par segment. On voit que le ressenti agréable est suivi d’un ressenti neutre par exemple, et qu’ils sont distincts. Il ne s’agit pas d’un phénomène continu. Nous comprenons les phénomènes dans l’instant présent. C’est ainsi que les bhikkhū répondent au Buddha sur base de leur expérience que les ressentis sont impermanents.

Il faut noter les objets visuels, les sons, les odeurs, les saveurs. Parfois, une vision agréable entraîne un ressenti agréable. Il faut noter les états d’esprit, tristesse, inquiétude, bonheur, etc. Si l’attention est forte, on les verra disparaître. Une vision désagréable peut produire un ressenti affreux. L’observation du soulèvement et de l’abaissement génère un ressenti neutre. Si on le note, le ressenti disparaît. Il faut comprendre les trois types de ressentis comme impermanents.  On comprend alors qu’ils sont insatisfaisants et insubstantiels. Il s’agit seulement de phénomènes. C’est pourquoi, les cinq bhikkhū répondirent au Buddha que les ressentis étaient une souffrance.

Les gens voient les ressentis comme le bonheur, mais lorsqu’ils voient leur impermanence, ils se dépassionnent pour eux. Pour les obtenir, on dépense beaucoup d’efforts, tout au long de la vie, et on meurt en cours de route. Les ressentis ne sont pas fiables. Les rechercher cause la souffrance car, une fois disparus, on souffre. Les ressentis agréables sont nécessairement remplacés par les désagréables. Les cinq bhikkhū répondirent donc au Buddha qu’il n’était pas juste de les considérer comme miennes, comme « je suis cette sensation » ou comme notre Ego.

Les gens s’attachent seulement aux ressentis internes comme étant leurs ressentis, à la différence des propriétés matérielles ou l’attachement vaut pour les objets internes et externes.

Les ressentis neutres sont apparentés aux ressentis agréables, car on s’y attache, même si on s’y attache moins. Dans la mesure où l’on se dit : « c’est moi qui souffre », on s’attache aussi aux ressentis désagréables. Le méditant attentif voit tout de suite la nature oppressive des ressentis, comme une épine pénétrant la chair. Si on pose des actes négatifs pour obtenir des ressentis agréables, on devra reprendre naissance dans des plans inférieurs. Rechercher les ressentis agréables prolonge la ronde des renaissances. Au plus fort l’attachement, au plus grande sera la souffrance.

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