Onze aspects des matérialités et des ressentis (suite)

Lorsque l’on se regarde dans le miroir, on pense que nos matérialités (rūpa) ont vieilli, autrefois tendres, légères ou raffinées (sukhuma), elles sont devenues lourdes, malsaines ou grossières (oḷārika). Mais cette observation est incomplète. Si on ne médite pas ou si la méditation n’est pas trop bonne, on croit que c’est le même corps qui se transforme. Si l’attention est constante, on voit les matérialités se désintégrer en minuscules morceaux quand on les observe. Lorsque l’on observe le mouvement d’extension ou de relaxation de l’abdomen, la chaleur ou le froid, les raideurs, les matérialités stables ou grossières, etc., on voit que ces matérialités n’existent que lorsqu’elles apparaissent.

Récitation de la maxime.

Il en va de même pour les matérialités inférieures (hīna) qui ne se transforment pas en supérieures (paṇīta). En fonction des circonstances (climat, nourriture, consciences, etc.) les matérialités sont inférieures (toux, nez qui coule, etc.) ou supérieures (légèreté, bonne santé, etc.), nous rendant découragés ou stimulés. Mais nous devons observer ces matérialités de près. L’une matérialité ne devient pas l’autre. Aussitôt notée, elle disparaît. Toutes les matérialités sont impermanentes, insatisfaisantes et impersonnelles.

Récitation de la maxime.

Les yogis venus à la retraite, dans la salle, s’en repartiront après l’enseignement. On croit qu’une personne emporte ses matérialités d’où elle vient et où elle part. Mais en observant le mouvement, on le voit comme un enchaînement de flux, comme l’élément air. Les matérialités proches ne partent pas au loin, elles disparaissent au moment de leur apparition. Au stade de bhaṅga ñāṇa, quand l’intellect est très aiguisé, on observe une personne qui s’approche segment par segment, comme une image au stroboscope. Au moment de la marche, les phases du lever, de l’avancer et du poser du pied nous apparaissent comme segmentées. Ces matérialités disparaissent là même où elles sont apparues, comme c’est le cas, selon le sous-commentaire, pour les réalités ultimes.

Récitation récapitulative des onze aspects des matérialités.

L’agrégat des ressentis aussi, sous ses onze aspects, passé, futur, présent, interne, externe, grossier, subtil, éloigné, rapproché, inférieur, supérieur, doit être vu comme n’étant pas mien, pas moi et pas mon moi.

Les ressentis du passé (atīta vedanā) agréables ou désagréables, qui remontent à des vies précédentes, à l’enfance ou au passé proche, ont cessé d’exister, mais ce n’est pas clair en raison de l’attachement au Moi. On pense que c’est le même Moi qui expérimente ces ressentis.

Les yogis notent de façon continue, y compris les ressentis désagréables, lesquels se font de moins en moins nombreux. Si la concentration est forte, ils les voient disparaître instantanément. Même le ressenti de l’instant passé a cessé d’exister. Le yogi comprend qu’il en a toujours été ainsi et qu’il en ira encore ainsi à l’avenir.

Récitation de la maxime.

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