Où est l’esprit?

En observant et notant constamment, nous investiguons le corps et l’esprit dans l’instant présent. L’esprit est ce qui expérimente l’objet. L’esprit n’est pas l’âme. Le yogi qui observe l’interaction entre corps et esprit pourra le comprendre, mais ce n’est pas possible sans attention et concentration. Si celles-ci sont faibles, c’est le doute qui l’emportera. Il y a 2.600 ans, seul l’hindouisme existait. Les gens croyaient en une âme individuelle et en une âme commune. Ils voyaient dans la première le responsable de nos actions, ou l’expérimentateur de nos ressentis, ou un élément situé dans le corps, ou le propriétaire du corps. Le Buddha a compris que l’âme n’existe pas et qu’il n’y a que des phénomènes physiques et mentaux.

Le Dhamma n’est pas le fruit de l’imagination ou de l’approximation. À leur différence, il est très sûr et personnel. Le corps est facile à voir, mais où est l’esprit ? Des scientifiques le situent dans le cerveau. Mais celui-ci n’est qu’un organe, comme un disque dur, qui ne sert à rien sans logiciel. L’esprit expérimente l’objet par les six portes sensorielles : l’œil, l’oreille, le nez, la bouche, le corps et l’esprit. L’esprit apparaît dans l’organe même : « dans l’œil apparaît la conscience visuelle, etc. » disent les écritures. Conscience et esprit sont quasiment synonymes. À l’inverse des cinq consciences matérielles, la conscience mentale n’apparaît pas dans un objet matériel, la mémoire saisit le souvenir de l’objet et pas l’objet directement. La conscience visuelle (par exemple) ne saisit pas les détails de l’objet, l’esprit se le remémore, interprète et évalue. Il examine les détails : vilain, joli, sale, lointain, etc. à chaque fois que nous notons un objet donc, deux portes s’ouvrent en même temps : la porte de l’œil (par exemple) et la porte de l’esprit qui investigue les détails. La première fois qu’un objet est expérimenté, la mémoire l’enregistre, les fois suivantes, elle compare son expérience à ce qu’elle avait mémorisé précédemment.

Il faut étudier cette théorie énoncée par le Buddha, mais il faut ensuite l’expérimenter directement par soi-même.

Selon le Buddha, la conscience mentale apparaît dans le cœur. La colère par exemple se ressent au niveau de la poitrine. Aussi, pour déterminer si quelqu’un est mort, on regarde si son cœur bat encore. Les gens pensent que c’est leur esprit qui se souvient. Mais l’esprit est ce qui expérimente, la mémoire est ce qui se souvient, interprète, reconnaît. Ce sont des propriétés mentales distinctes. Les ressentis apparaissent et disparaissent en même temps que l’esprit, saisissent le même objet, et passent par la même base sensorielle, mais il s’agit de propriétés mentales.

Les portes sensorielles sont parfois ouvertes et parfois fermées, comme lorsque l’on dort. Un son ou une forte lumière peuvent réveiller les sens. Un esprit très actif empêche de trouver le sommeil le soir.

Vipassanā nous rendra calmes. La vie deviendra agréable et belle. Les pollutions mentales rendent la vie difficile. Observer l’instant présent, c’est observer la réalité, et non des souvenirs incertains.

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