Qualités du Dhamma : ressentir par soi-même

À la fin de la retraite, les yogis veulent savoir leurs progrès, mais nous ne sommes pas en mesure de les leur indiquer. Nous pouvons toutefois expliquer comment se produisent les réalisations.

Nous examinerons aujourd’hui les six attributs du Dhamma :

❶ svākkhāto bhagavatā dhammo (bien exposé). ① En écoutant attentivement le Dhamma l’esprit devient pur et clair, absorbé dans les enseignements, le cœur se calme même si on ne pratique pas encore. Si on écoute de la musique en revanche, on agite l’esprit avec des émotions. ② En observant sans interruptions les quatre établissements de l’attention, l’esprit se calme. ③ Si nous disposons des pāramī, nous pouvons atteindre le stade d’anāgāmi entre sept jours et sept ans. Nous pouvons vivre heureux en menant une vie simple. Nous pouvons constater par nous-mêmes que l’esprit est calmé après trois semaines de méditation. S’il y a des tensions ou des déceptions, c’est par rapport au Dhamma, pas par rapport aux plaisirs sensuels. Tant que nous restons attentifs, l’esprit est en paix. On dit du Dhamma qu’il est bon au début, au milieu et à la fin, ce qui correspond à Sīla, Samādhi et Paññā.

❷ sandiṭṭhiko (à réaliser clairement, à fond, par soi-même). ‘San’ signifie à la fois par soi-même et à fond. Personne ne peut effectuer le travail à notre place. Nous comprenons en fonction du degré d’attention développée. C’est difficile, les pensées font apparaître les cinq empêchements. Un esprit qui n’est pas clair ne peut comprendre anicca, dukkha et anatta. Il faut noter les empêchements dès qu’ils se manifestent, noter tous les mouvements et les contacts des six sens, avec énergie, jusqu’à parvenir à la continuité de l’attention. Chaque yogi ressent différemment les mouvements de l’abdomen ou des pieds. Mais tout est correct si c’est ce qui est ressenti. Le yogi ne doit pas dire qu’il s’agit de nāma rūpa, s’il ressent réellement le mouvement, il comprend l’esprit et la matière, qu’il n’y a pas de « je » là-dedans. Il ressentira aussi peut-être le feu digestif, car il ne prend pas de nourriture le soir. Plus tard, la respiration devient douce. Le yogi comprend que le mouvement de l’abdomen est lié à la respiration comme cause et effet. Si les mouvements disparaissent, il ne les note plus. La note dépend donc de l’objet. À la marche, il note l’intention, cause du mouvement. Il comprend qu’il n’y a pas de créateur. Il élimine le doute. Dès qu’il s’intéresse à la pratique, l’observation devient très attentive. Plus tard, il verra que le changement se produit à chaque instant, que l’objet disparaît aussitôt noté, que le mouvement se produit par segments. Au début toutefois, il est difficile d’accepter anicca, dukkha et anatta.

❸ akāliko (aux fruits immédiats)

❹ ehipassiko (invite à venir voir par soi-même)

❺ opaneyyiko (mène progressivement à Nibbāna)

❻ paccattaṃ veditabbo viññūhī (à expérimenter par le sage directement par lui-même)

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