Quatre rares opportunités, foi et cinq facultés

Que l’on pratique les jhāna ou vipassanā, il faut travailler très dur. Se reposer ne fût-ce qu’un instant nous éloigne très fort du but. Efforcez-vous sans relâche a dit le Buddha (appamādena sampādetha). Certains yogis pratiquent quelques jours, d’autres 1, 2 ou 3 semaines, mais pour devenir Buddha, il faut pratiquer pendant des éons pour mener les dix pāramī à la perfection. Celui-ci aurait pu atteindre la libération du temps du Buddha Dīpaṅkara, mais a voulu secourir tous les êtres. Il a enduré beaucoup de souffrances, renaissant parfois comme animal ou comme pauvre. Quand ses pāramī furent suffisamment développés, les devā et les brahmā lui demandèrent de reprendre naissance dans le plan humain.

Il y a quatre rares opportunités : ① l’apparition d’un Buddha dans le monde ② la naissance humaine. Il n’est pas possible d’entendre l’enseignement dans les plans des animaux, de misère ou célestes. Les pratiquants des jhāna reprennent naissance comme brahmā, tantôt dépourvus de corps, tantôt dépourvus d’esprit, selon leur tempérament, certains souhaitant ne plus devoir souffrir un corps, d’autres ne plus devoir souffrir un esprit. ③ une foi complète. Il y a quatre types de saddhā : la foi ordinaire qui, en réalité, ignore le véritable Buddha, Dhamma et Sangha ; la foi intellectuelle ; la foi d’un bodhisatta dont la future bouddhéité a été confirmée par un autre Buddha ; la foi du sotāpanna, au terme de la pratique de vipassanā. Dès que l’attention sera développée nous verrons l’esprit et la matière, les causes et les effets, ainsi que les trois caractéristiques. Saddhā en sortira renforcée. ④ revêtir l’habit monastique. Venir en retraite aussi n’est pas facile.

Pratiquer l’enseignement du Buddha est une façon de le rencontrer. Les Occidentaux que je connais bien désormais ne semblent pas très intéressés par l’illumination au début. Ils ne semblent pas bien comprendre l’enseignement au départ et ne présentent pas très bien leur expérience à l’entretien. Mais leur pratique s’améliore petit à petit.

Pour une foi complète, il faudra que les cinq facultés (saddhā, viriya, sati, samādhi, paññā) deviennent puissantes et fonctionnent en harmonie. Saddhā est comparée par le commentaire à une main sans laquelle on ne peut rien saisir. Sans la foi, on ne pratique ni le don, ni la moralité, ni la méditation. Elle est comparée aussi à l’argent sans lequel on ne peut rien acheter ou au sol qui permet de cultiver de bonnes plantes. Saddhā doit être en équilibre avec paññā. Certains ont une forte foi mais une faible compréhension et inversement. Une autre paire qu’il faut équilibrer est celle de l’effort (viriya) et de la concentration (samādhi). Parfois nous voulons tout noter et visons trop haut. L’agitation s’introduit. Si notre concentration est très bonne, c’est la somnolence qui guette. Souvent, l’effort est trop faible. Nous devons vérifier par nous-mêmes. Parfois nous sommes très fatigués. Nous penserons parfois qu’il n’est pas nécessaire d’être si lents, mais c’est en réalité la paresse qui s’infiltre. Sati est la seule des cinq facultés qui n’est jamais en excès.

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