Nous commençons à comprendre le corps et l’esprit ou en quoi consiste la vie. La théorie est une chose, l’expérimentation une autre. Nous observons les phénomènes physiques comme le mouvement, la dureté, la chaleur, etc., mais aussi mentaux. L’esprit est ce qui expérimente l’objet a dit le Buddha. Il est synonyme de conscience. Un cadavre est dépourvu d’esprit et ne peut rien expérimenter. Ensemble, corps et esprit constituent la vie. L’esprit mène le corps.
Dans le passé, ne parvenant pas à comprendre où se trouve l’esprit, des religions ont imaginé l’existence d’un dieu et d’une âme créée. En observant bien néanmoins, nous voyons que l’esprit n’existe en réalité pas dans le corps. Il expérimente l’objet dans la base sensible correspondante : œil, oreille, nez, langue, corps et cœur. Si c’est un son, il est expérimenté par une conscience auditive, etc. Personne ne crée ces consciences. Elles apparaissent en vertu de causes et de conditions. Ainsi, pour la vision, il faut un organe visuel, un objet visible, l’attention et la lumière. Si une seule de ces conditions manque, la vision ne peut avoir lieu. Chaque fois qu’il y a un son, il y a une conscience distincte. Il y a une succession de sons et de consciences qui apparaissent et disparaissent à chaque instant. Comme les consciences apparaissent sans interruption, nous avons l’impression qu’elles perdurent. Leur évanescence est plus facile à voir pour l’audition que pour la vision. Mais si un éclair apparaît, la conscience de l’éclair apparaît pour disparaître aussitôt en même temps que l’objet. Deux consciences ne peuvent coexister. Nous ne pouvons voir et entendre en même temps. Les consciences passent aussi fugacement que l’eau d’une rivière que nous voyons pourtant comme permanente.
Ceci est plus difficile à comprendre pour les objets mentaux. Selon les écritures, la base de ces consciences se trouve dans le cœur. Le cerveau quant à lui n’est jamais qu’une forme de mémoire. L’esprit se manifeste accompagné de ressentis et de perceptions, or nous pouvons constater que la colère ou le sentiment amoureux par exemple se ressentent au niveau de la poitrine et non du cerveau. La circulation sanguine peut s’accélérer et la face peut rougir. Ces consciences aussi néanmoins apparaissent et disparaissent très vite. L’esprit n’existe pas vraiment dans le corps. Il n’y a pas d’entité permanente (anatta). Pour que le feu apparaisse dans un briquet, il faut que celui-ci soit constitué d’une gaine, d’une roulette et d’une mèche et qu’il contienne du gaz. Ce n’est qu’à ces conditions que le feu peut apparaître. On ne peut pourtant pas dire que le feu existe dans le briquet, mais seulement les causes pour son apparition.
Tout ceci, c’est de la théorie, et cette connaissance n’est pas stable. Il faut l’expérimenter en pratique, au prix d’un gros effort, de l’attention, la concentration, la considération juste et la compréhension juste. Il faut éviter de trop réfléchir. Si nous acquérons la vue juste du corps et de l’esprit, cela nous sera très utile dans la vie quotidienne.