Réflexion sur la mort

Une jeune tisserande de 19 ans écoutait un sermon du Buddha sur la mort à Ālavī: « la mort est durable, la vie ne l’est pas, ma mort est inévitable, ma vie finira par la mort, ma vie est incertaine, ma mort est certaine ». Si on n’y réfléchit pas régulièrement, on risque d’être submergé par la peur à l’approche de la mort. La fille fût fort impressionnée par la puissance du Buddha. Elle garda l’enseignement en mémoire pendant les trois années qui suivirent dans ses activités quotidiennes. Un jour, le Buddha scruta le monde avec son œil divin et réalisa que la jeune fille était mûre pour l’illumination. Il se rend à Ālavī et, quand la fille passe devant lui, lui demande:  » – D’où viens-tu? – je ne sais pas » répond la fille.  » – Où vas-tu? – je ne sais pas. – Ne sais-tu donc pas? – Si je sais. – Sais-tu vraiment? Non, je ne sais pas. » Les gens crurent la fille insolente mais le Buddha lui demanda d’expliquer ce qu’elle entendait au juste. Elle répondit qu’elle ne connaissait pas ses vies antérieures ou futures, mais qu’elle savait qu’elle mourrait un jour, tout en ignorant le moment précis.

Un vers du Dhammapada énonce: « ce monde est comme aveugle, rares sont ceux qui voient (l’impermanence, la souffrance et l’insubstantialité avec l’œil de vipassanā), tout comme seuls quelques oiseaux échappent au filet, peu atteignent les plans célestes quand la mort les capture. » Comme cette fille, nous disposons de peu de temps pour la pratique. Elle pratiquait la remémoration de la mort dans sa vie quotidienne mais ce n’est que lorsque le Buddha l’interrogea que sa pratique put accumuler suffisamment d’élan pour passer le cap de l’illumination. La méditation quotidienne aussi maintient notre pratique, mais venir en retraite au centre permet d’approfondir la pratique. En se consacrant totalement au travail de la méditation, on peut atteindre la continuité de l’attention.

Les douleurs se manifestent quand on atteint un certain degré de concentration. Avoir conscience de la mort inéluctable aide à y faire face. Être conscient des ressentis désagréables est une aptitude qu’on peut développer.

Question 1: La jeune fille mourut ce jour-là à cause d’un accident du métier à tisser. Le Buddha consola le père dévasté en lui rappelant qu’il a déjà déversé des océans de larmes au cours d’innombrables vies passées dans des circonstances similaires.
Question 2: Pour échapper aux schémas répétitifs tels que celui du père de la tisserande, il n’est pas nécessaire de se souvenir de ses vies passées mais, par la méditation, on développe une sagesse durable qui nous accompagne dans les vies futures.
Question 3: Il n’est pas obligatoire d’adopter la posture des jambes croisées mais le dos doit être droit et il faut rester immobile si possible. Si les douleurs deviennent fortes, on peut les prendre comme objet de méditation. Si elles deviennent insupportables, on peut bouger mais sans rompre la continuité de l’attention.
Question 4: Mahasi conseillait de pratiquer quotidiennement une heure et affirmait que la pratique dans la vie quotidienne pouvait mener à de très hauts degrés de connaissance. Il faut essayer de développer la continuité. Ce qui interrompt la pratique, ce sont surtout les négativités (akusala). Pratiquer l’attention aux postures et à la marche aide à établir la continuité.
Question 5: Celui qui atteint le stade d’arhat termine la vie présente mais ne reprendra plus naissance, comme pour un feu pour lequel il n’y aurait plus de combustible. Ce n’est pas le néant. D’une certaine façon, on peut dire que le Buddha a survécu à travers son enseignement, comme une forme de mémoire.
Question 6: Il est utile de se remémorer les vers cités ci-dessus au cours de la pratique. La remémoration de la mort fait partie des méditations protectrices.
Question 7: À la marche, lorsque l’on prend conscience d’une pensée, elle a sans doute déjà cessé. Il n’est pas nécessaire d’en faire plus et on peut reprendre l’observation des pas. Il ne faudrait pas écourter le temps dédié à la marche. Il faut aussi se souvenir d’être attentif à la posture debout. Enfin, restez attentifs au moment de vous coucher. Suivez les mouvements de l’abdomen jusqu’au bout et, au réveil, tentez de reprendre au plus tôt l’observation.

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