Renforcement des indriya : 9ème cause

❾ La neuvième cause de renforcement des facultés de contrôle (indriya), c’est une qualité de l’esprit qui va nous amener à poursuivre la pratique sans détour, sans abandonner jusqu’au but final. Pour cela, il faut que le but de la pratique soit clair, et aussi une forme d’honnêteté qui nous permet de reconnaître dans quelle mesure nous nous appliquons réellement à la pratique. Pourquoi pratiquons-nous le triple entraînement ?

♣ Sīla : Si nous avons repris naissance comme humain, c’est grâce à nos bonnes actions passées et c’est une occasion très rare. Les caractéristiques véritables de l’humanité sont la compassion et la bienveillance. La moralité s’enracine dans la considération pour les autres et pour soi-même. Nous voulons nous préserver des conséquences néfastes d’actes négatifs. Si nous sommes convaincus que le kamma est notre seule réelle possession, cela nous sera très bénéfique. Les actes mauvais amènent le déshonneur et le blâme dans la vie présente et des malheurs pour les vies futures. Dāna, le don, diminue l’avidité. Une personne qui observe les cinq préceptes contrôle grossièrement les émotions négatives et peut même passer pour un saint. Mais elle connaît peut-être en son for intérieur des explosions de colère, d’impatience et d’avidité.

♣ Bhāvanā : La culture de qualités mentales exceptionnelles. ① samatha bhāvanā, le développement du calme de l’esprit qui nous met à l’abri des pollutions mentales (kilesa). On le retrouve dans d’autres religions. Il apporte le bonheur, la tranquillité, voire des pouvoirs spéciaux, mais il ne libère pas du saṃsāra. Après sa libération, le Buddha resta 49 jours à Bodhgaya et réfléchit au moyen de partager sa réalisation. Il vit que les êtres étaient aveuglés par une épaisse couche d’ignorance. Sas anciens professeurs Ālāra Kālāma et Uddaka Rāmaputta auraient pu comprendre mais venaient de reprendre naissance dans un plan de Brahma dépourvu de matérialité, et étaient donc incapables d’entendre l’enseignement. ② vipassanā bhāvanā, la vision pénétrante de la véritable nature de l’esprit et la matière, seule à même de nous libérer des illusions concernant le soi et l’absence de causes. Il faut pour cela parvenir à voir l’apparition et la disparition rapide des phénomènes.

Si nous nous souvenons que nibbāna est notre but, nous parviendrons à pratiquer sans faire de pause ou sans capituler jusqu’au but final. Il existe trois degrés d’effort ; parvenir à les mettre en œuvre, c’est le neuvième facteur : 𝟙 l’effort initial qui établit l’esprit sur l’objet primaire en revenant constamment dessus et crée une routine entre méditation assise et en marche. 𝟚 l’effort libérateur pour surmonter les obstacles comme l’ennui, l’apathie, la peur des douleurs, l’indolence et la paresse 𝟛 l’effort progressif qui consiste à ne pas se complaire dans un espace agréable et doux et qui ne décroît plus jusqu’au but.

Il faut donc essayer de développer ces neuf qualités qui permettront aux cinq indriya de dominer finalement l’esprit, lequel atteindra la libération.

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