Sampajañña : la marche et les autres mouvements

Les yogis doivent rester dans leur domaine : les quatre établissements de l’attention (gocara sampajañña). Ils doivent observer toutes les activités physiques, ressentis, consciences et contacts des six sens. Ainsi, la claire compréhension de la non-illusion (asammoha sampajañña) va spontanément se manifester.

Le yogi note les différentes phases du pas. Quand il fait trois notes par pas, son observation est très détaillée. Il parvient même à voir l’intention qui précède chaque mouvement et perçoit séparément intention mentale et mouvement physique. Il n’y a pas de confusion en son esprit. À ce moment-là, il n’a pas besoin de noter « ceci est le corps, ceci est la matière », il les expérimente directement. S’il ne perçoit pas encore l’intention, il peut faire une note mentale avant de lever le pied pour diriger son attention vers elle: « intention de lever ». Mais il ne doit pas le faire avant les autres phases du pas car il faudrait alors interrompre le mouvement. Si son attention est faible, il ne dépasse pas le concept, l’idée du « je » qui marche, d’une âme qui gouverne et instruit de lever le pied, etc.

Lorsque son attention sera puissante, le yogi pourra percevoir six mouvements par pas ou davantage encore. Il percevra toutes sortes de sensations, mouvements musculaires, tensions, vibrations, picotements, etc. Il sera capable de ressentir l’élément « air » et comprendra qu’il est responsable des mouvements du corps. Il est possible d’atteindre l’illumination pendant la marche, car l’esprit est libre des impuretés mentales, comme il devient possible de voir le fond de l’eau en l’absence de dépôt sur la surface et avec une bonne faculté visuelle.

La marche et les activités quotidiennes sont très importantes. À la veille du premier concile réuni par Mahā Kassapa, Ānanda pratiqua toute la nuit et quand finalement il atteint l’illumination, il n’était dans aucune des quatre postures. Subhadda, le dernier disciple du Buddha, atteignit l’illumination en pratiquant la marche.

Lorsque le yogi regarde devant lui et sur le côté, il doit le faire avec claire compréhension. En général, le yogi maintient le regard vers le bas pendant la marche. Les yeux sont en effet très sensibles et suscitent facilement des pensées. Cette instruction du sutta s’applique donc s’il voit ou imagine quelque chose malgré tout. Tout comme en observant les pas, il est possible de réaliser le corps et l’esprit, les causes et les effets et les trois caractéristiques en notant « voir ». Si nous voulons noter en détail, nous pouvons noter l’intention de regarder avant de regarder. C’est la présence de l’œil et de l’objet visible (matière) qui fait naître la conscience visuelle (esprit). Sans la présence de ces trois éléments et de la lumière, la vision ne se produit pas. Si on note attentivement, on pourra voir l’image disparaître.

Lorsque le yogi étend ou replie le bras, il pratique la claire compréhension, instruit le sutta. Lorsque nous voulons nous gratter, il faut d’abord noter l’intention puis noter le mouvement en détail.

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