Sampajañña : la marche

Lorsque nous notons un objet, nous devons le comprendre à fond, clairement et complètement, du début à la fin, c’est cela sampajañña. L’esprit ne pense pas, ne s’éparpille pas au moment de noter. Nous devons prendre exemple sur le quatrième bhikkhu évoqué hier, celui qui reste attentif tant quand il va au village que quand il en revient. Quand il effectue un mouvement vers l’avant et quand il effectue un mouvement vers l’arrière, le yogi doit être attentif, voilà les instructions du Buddha. Les instructions de Mahasi pour la marche sont en fait celles du Buddha et ne sont pas arbitraires.

Le yogi garde la tête droite, porte le regard deux ou trois mètres devant lui, l’esprit rivé aux pieds, les mains jointes. Il fournit un puissant effort pour noter très attentivement, sans quoi l’esprit qui est très rapide va s’échapper. À la fin de la piste il note attentivement « debout » puis « tourner », puis à nouveau « debout ». Il évite de regarder quoi que ce soit, de bouger ou de penser, mais si cela se produit malgré tout, il s’arrête et note attentivement « regarder », « se gratter » ou « penser ». Si les pensées sont fugaces et fréquentes, il doit éviter de s’arrêter trop souvent et redoubler plutôt d’attention.

Si le yogi parvient à noter sans penser toute la longueur de la piste, sa confiance va se renforcer. Il peut alors passer à deux notes par pas : « lever, placer ». Il perçoit désormais le mouvement vers le haut et vers le bas. L’attention est renforcée. Certains yogis parviennent même à percevoir l’intention avant de lever ou d’abaisser le pied. Si ce n’est pas encore le cas, il peut noter « intention de lever » avant de lever le pied chaque fois. Il la verra spontanément une fois que l’attention sera forte et ne devra plus la noter. Il perçoit aussi les pensées avant leur apparition. Son esprit est contrôlé et il peut alors passer à trois notes par pas.

Les différentes phases du pas sont vues de plus en plus clairement. On voit le talon s’élever, on ressent des sensations dans les orteils, une pression au niveau du talon, etc. Sans une attention très développée, on ne ressentirait pas tout cela. Au début, l’image du pied qui s’avance nous venait à l’esprit, mais à présent que nous ressentons très bien le mouvement, cette image n’apparaît plus. On ne voit plus que le mouvement et l’esprit qui le note. On voit l’intention rassembler l’élément air lequel pousse ensuite le pied. On voit le mouvement vers le haut cesser avant le mouvement vers l’avant. Le yogi voit une succession d’intentions et de mouvements à l’intérieur de chaque phase du pas. Il ne se demande plus qui marche et n’a plus ce genre de doutes. Il perçoit clairement l’impermanence et ainsi, sa confiance en le Buddha, le Dhamma et le Sangha est renforcée.

Page précédente