Satipaṭṭhāna

C’est mon huitième séjour à Dhammaramsi, j’ai l’impression que nous nous sommes rencontrés dans nos vies antérieures. Selon le Buddha, nous avons tous des liens de parenté dans le saṃsāra et par gratitude, j’offre l’enseignement supérieur du Buddha, celui qui permet de comprendre la nature du corps et de l’esprit : vipassanā. Dāna, sīla et samatha ne mènent pas à cette compréhension et même si le Buddha a enseigné 84.000 sections, celles-ci se résument à la pratique de la vigilance (appamāda) ou de l’attention. Le discours sur l’établissement de l’attention (Mahāsatipaṭṭhāna sutta), énonce d’ailleurs : « ceci est le seul chemin pour la purification des êtres, la victoire sur le chagrin et les lamentations, la disparition de la souffrance physique et mentale, l’atteinte du noble chemin et la réalisation de nibbāna ». Les êtres ordinaires que nous sommes sont habités de nombreuses pollutions mentales qui les empêchent de vivre en paix, mais sans pratiquer, nous ne comprenons pas la nature du corps et de l’esprit.

L’observation du corps (kāyānupassanā) est le premier établissement de l’attention. Il faut s’asseoir les jambes croisées et le dos droit, poser les mains l’une sur l’autre, porter l’attention aux mouvements de l’abdomen, en respirant ni trop lentement (nous ne verrions pas l’objet), ni trop vite (nous deviendrions agités). Il faut être très attentifs sinon l’esprit ne restera pas fixé sur l’objet, se déterminer à suivre le mouvement du début à la fin, en dépit des nombreux ratés au début. Tôt ou tard, nous y parviendrons, mais si nous n’y parvenons pas en dépit de nos efforts, au moins comprendrons-nous la folie de l’esprit, nous verrons que les distractions aussi sont un objet à noter, ce que ne comprendra pas celui qui ne fait pas d’effort. L’esprit en effet veut constamment retourner chez lui, dans le monde des six contacts sensoriels : voir, entendre, sentir, goûter, toucher et penser. C’est là que les impuretés mentales (kilesā) vont forcément le polluer.

L’effort mental de noter chaque objet qui apparaît du début à la fin et l’effort physique de maintenir la posture sans bouger toute l’heure sont nécessaires. (Mais bouger en raison des douleurs n’est pas un signe de manque d’effort). Quand les gens parviennent finalement à noter l’objet, la joie se manifeste et la confiance se renforce. S’ils n’y parviennent pas au contraire, ce sont le découragement et l’ennui qui se manifestent. Si nous observons chaque pas à la marche sans interruption, cette confiance va se manifester aussi, mais il faut s’astreindre à faire des allers retours sur une même piste d’une dizaine de mètres, éventuellement au jardin. À ce moment-là, l’esprit n’est pas envahi par les kilesā. Ces mouvements ne seront plus perçus comme nous appartenant, nous n’y verrons plus un ego comme dans la vie quotidienne. Quand cette vision pénétrante sera développée, il deviendra possible d’atteindre la libération.

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