Se complaire dans les pensées

Énoncer la théorie est facile, mais la pratique est difficile, comme nous pouvons le constater après une semaine.

Le yogi doit posséder cinq qualités pour parvenir au but : la confiance dans la méthode, celui qui l’a trouvée, l’enseignement et ceux qui l’enseignent ; une bonne santé ; l’honnêteté, surtout lors de l’entrevue ; l’énergie ou l’assiduité et la capacité à voir l’impermanence (anicca).

L’objet primaire, les mouvements de l’abdomen, c’est l’attention au corps (kāyānupassanā). Nous ne parvenons pas à noter ce mouvement du début à la fin, à noter immédiatement les pensées ou imaginations qui interfèrent.

Ces pensées sont liées aux plaisirs sensuels : nous pensons à une personne que nous aimons, à la musique que nous entendons, aux saveurs, etc. Les êtres ordinaires s’y complaisent mais le pratiquant vipassanā doit les noter. Il doit aussi noter les émotions comme la tristesse, la colère ou la joie. Au début il s’agit d’une joie sensuelle. Ce n’est pas encore la joie qui procède de la pratique.

Nous essayons de noter mais ne parvenons pas à suivre avec précision et ne sommes même pas conscients de la présence de pensées. Si nous ne sommes pas très attentifs, nous pourrions passer l’heure entière à penser. L’esprit est très subtil et rapide.

Lorsque l’attention est puissante et ininterrompue, nous parvenons à suivre les mouvements de l’abdomen, notons facilement l’objet primaire et tous les autres objets, même très subtils. Nous voyons le moment où l’esprit s’envole, par exemple au début du mouvement de soulèvement, ou même le moment où il s’apprête à s’envoler. Au moment où il note, ces pensées sensuelles disparaissent tout de suite. Il faut donc s’entraîner.

Le Buddha a dit qu’un esprit gardé grâce aux quatre établissements de l’attention amenait le bonheur. Tant que les impuretés, lobha, dosa et moha, seront présentes, le véritable bonheur ne sera pas possible.

Un jeune homme demanda autrefois à un moine ce qu’il devait faire pour se libérer du saṃsāra. Le moine lui dit de partager ses biens en trois parties : pour la famille, pour les affaires et pour l’aumône. Il demanda ce qu’il devait faire ensuite et le moine lui dit d’observer 5, 8 puis 10 préceptes. Il lui demanda ce qu’il devait faire ensuite et le moine lui dit de se faire moine et d’étudier le vinaya, les sutta et l’Abhidhamma, ce qui épuisa et déprima le jeune homme. Le Buddha le vit et lui conseilla de garder son esprit afin d’éviter que les impuretés y pénètrent. Le jeune homme devînt arhat.

Chaque fois que nous notons, l’esprit est pur, clair, paisible, voit la réalité telle qu’elle est et développe les connaissances vipassanā. Au plus nous notons, au plus l’esprit est paisible. À terme, nous pourrons tout noter. S’il y a beaucoup de pensées, nous sommes déçus, agités et nous nous ennuyons. Il faut noter ces empêchements. Dès que nous notons sans interruption, la confiance se développe et nous nous intéressons à la pratique.

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