Stade du désenchantement et bénéfices de l’entrée dans le courant

Lorsque concentration et sagesse des yogi sont renforcées, ils atteignent d’udayabbayañāṇa et voient que les agrégats d’attachement sont impermanents et effrayants. Mais vipassanā ne devient vraiment fort que lorsqu’ils atteignent le désenchantement par rapport aux agrégats. Le Visuddhimagga explique ce stade par l’allégorie de l’homme qui attrape un poisson avant de réaliser qu’il s’agit d’un serpent. Tant que nous ne verrons pas le danger, nous ne chercherons pas à y échapper, c’est naturel. À ce stade où le yogi se dépassionne pour les agrégats, il existe une chance qu’il entre dans le courant et atteigne sotāpatti magga (sota signifie courant et apatti, pour la première fois). Qui entre dans le courant principal d’une rivière est sûr de parvenir à l’océan, il n’y aura plus de retour en arrière sur la voie vers nibbāna, et un maximum de sept renaissances. Cette entrée dans le courant s’opère une fois que la pratique est mûre et complète. La conscience du fruit est un type de conscience jamais vécu auparavant et est précédé de la conscience du chemin. Le yogi plonge dans la cessation de toutes les souffrances, prend nibbāna pour objet et éradique les pollutions mentales. Trente-six facteurs mentaux accompagnent cette conscience, dont le plus important est la compréhension juste, car c’est lui qui élimine les pollutions mentales, les déracinant complètement, à commencer par les trois entraves (saṃyojana) de la vue fausse de la personnalité (sakkāya-diṭṭhi), du doute par rapport au Buddha, au Dhamma et au Sangha et à l’enseignement (vicikicchā) et de l’attachement aux rites (sīlabbata-parāmāsa). On peut éliminer la vue fausse du soi avant d’atteindre ce stade, mais ce n’est que temporaire et incomplet. La foi dans le triple joyau devient inébranlable. Si on lui dit qu’il faut s’infliger des douleurs, ou qu’il faut agir comme un chien ou une vache pour atteindre la libération, ou que la pratique de la charité suffit, ce yogi saura par lui-même qu’il n’en est rien. La pratique de dāna est un fondement qui donne des mérites que l’on peut partager, celle de sīla permet le contrôle du corps et de la parole, celle de samatha permet d’éliminer les pollutions mentales oppressives, mais elles ne suffisent pas pour atteindre la libération.

D’autres pollutions mentales sont amoindries à ce stade, comme l’avidité, la haine, l’illusion, la jalousie et l’envie (issā et macchariya) et ne sont plus assez forte que pour entraîner le yogi dans une renaissance misérable après sa mort comme animal, être infernal, esprit affamé ou asura. Sa moralité devient très pure et il est estimé des êtres nobles. Il porte génétiquement les cinq préceptes lorsqu’il renaît. Même comme enfant, il ne tue aucune créature.

Beaucoup de gens prétendent être sotāpanna, ce qui est difficile à vérifier car on ne peut pénétrer leur esprit. Mais on peut voir s’ils observent parfaitement les cinq préceptes. Selon le commentaire, même si on mélangeait de l’eau à de l’alcool, seule l’eau pourrait descendre dans le gosier du sotāpanna ! Par ailleurs, il ne peut proférer aucun mensonge.

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