Stimuler l’énergie mentale : voir la véritable nature

Il y a donc sept facteurs pour renforcer l’énergie mentale : saddhā, viriya, sati, samādhi, paññā, hirī et ottappa. Nous avons déjà examiné en détail les cinq premiers. Un esprit qui n’est pas agité par le désir, la colère ou l’ignorance ne s’envolera pas. Cultiver un tel esprit pur et clair, c’est bhāvanā. Il faut développer un tel esprit le plus souvent possible, jusqu’à ce qu’il atteigne la maturité.

Au moment d’observer l’objet, nous comprenons sa forme (saṇṭhānarūpa) ou sa manière (ākārarūpa), mais ce n’est pas suffisant. Il faut comprendre sa véritable nature (sabhāvarūpa) : raideur, douleur, tension, mouvement, engourdissement, etc. Il est important de noter dans l’instant présent. Si nous notons l’objet avant qu’il n’apparaisse, ce sera de l’imagination, si nous le notons après qu’il a disparu, ce sera une supposition. Lorsque nous voyons la nature ultime (paramattha) au-delà du concept (paññatti), nous comprenons que ce n’est pas l’abdomen qui se soulève, que ce mouvement n’est pas d’une seule pièce, comme une colonne de fourmis prise de loin pour une ligne. Au plus nous nous rapprochons, au mieux nous voyons les fourmis individuelles. Ce n’est possible qu’en propulsant son esprit avec effort vers l’objet.

Si nous maintenons l’attention sur l’objet, nous développons un esprit positif, pur et clair. Nous comprenons que l’apparition de l’esprit et la matière est un jeu de causes et d’effets. Les objets apparaissent et disparaissent selon des lois qui leurs sont propres. Nous perdons la vanité du « je ». Nous comprenons de mieux en mieux la nature impermanente, insatisfaisante et impersonnelle des objets. Nous surmontons la paresse, comprenons que si nous cessons de noter, c’est peut-être dû aux douleurs, et continuons alors à noter, encouragés par le professeur. Si nous surmontons ces douleurs et atteignons le stade d’udayabbayañāṇa, nous ressentons de la joie, expérimentons des lumières, un bonheur physique et mental qui dépasse les plaisirs célestes.

À l’inverse du yogi qui n’a pas progressé, dont l’esprit n’est pas son contrôle, est lourd, et brûle en raison du regret et du remord, il est honnête et reconnaît ses erreurs passées. La honte et la crainte morales sont développées. Sa foi est forte et son esprit est devenu beau, courageux et énergique. Tout est noté sans effort, jusqu’au moindre mouvement du corps. S’il poursuit sa pratique, le yogi peut atteindre nibbāna dans cette vie-même. Tant que ce stade n’aura pas été atteint, nous expérimenterons aucune paix intérieure, la dépression, etc. Mais à ce stade d’anciennes maladies sont surmontées. L’effort, ni excessif ni insuffisant, devient de plus en plus puissant. Un attachement très subtil peut néanmoins se manifester pour cette bonne pratique et il faut se montrer très prudent, sous peine d’empêcher le progrès. Il faudra noter les ressentis agréables, le bonheur, etc. aussi. Nous ne méditons pas dans le but de faire de bonnes expériences.

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