Trois niveaux et cinq composantes de l’effort

  • Je reviens sur les trois types d’efforts évoqués hier: ārambhadhātu (l’effort initial), nikkhamadhātu (l’effort persistant qui surmonte les douleurs et l’ennui) et parakkamadhātu (effort issu du précédent qui nous mène graduellement au but à chaque progrès réalisé). Celui qui cesse l’effort reste dans la misère car les pollutions mentales (kilesa) submergent son esprit, celui qui persévère dans l’effort obtient āraddha viriya (l’effort développé, le courage) et ensuite sati, l’attention. Il est heureux car à l’écart des kilesa.
  • Il faut observer la sensation douloureuse (dukkha vedanā) dans le but de la connaître, et pas avec du désir ou de l’aversion. Si on parvient à l’observer à fond, on en vient à connaître ① sa caractéristique qui est de ressentir un contact désagréable (dureté, percement, chaleur extrêmes, …), soit la véritable nature de dukkha vedanā ② sa fonction, qui est de fatiguer l’esprit lorsqu’elle apparaît à la suite de ce contact, comme si nous portions quelque chose de trop lourd et ③ sa manifestation, une torture. Ce faisant, on surmonte la douleur.
  • Seul ce type d’effort persistant est qualifié d’ātāpa, La paresse et les qualités négatives sont éliminées, la pratique devient continue. On perd l’intérêt pour les plaisirs des cinq sens. Désormais le yogi ne battra plus en retraite face à la douleur.
  • La base de la pratique, c’est l’observation de tout ce qui se passe en nous. Si l’on observe superficiellement notre poing se fermer, tout au plus connaîtrons-nous la forme (saṇṭhāna) et la position (ākāra). Si on l’observe attentivement, on remarquera l’intention, les sensations de tension, dureté, pression, désagrément, etc., toutes choses qui appartiennent à la nature réelle de l’objet (sabhāva). Au début, c’est difficile car nous luttons pour concentrer l’esprit qui n’a pas l’habitude d’être contraint, mais pas impossible, et si nous le faisons systématiquement, cela deviendra facile.
  • Pour nous mettre à la pratique, il nous faut d’abord en comprendre les bénéfices, soit surtout la pureté de l’esprit. L’étude (sutamayañāṇa), la réflexion (cintāmayañāṇa) sont utiles mais ne permettent pas de connaitre sabhāva. La culture mentale (bhāvanāmayañāṇa) le permet et fera émerger la foi.
  • La seule tâche est d’appliquer l’esprit à l’objet et d’y coller. Il faut éviter les réflexions et le doute, suivre la méthode et ne pas sauter les étapes. Les résultats viennent d’eux-mêmes.
  • La possession de 5 facteurs de l’effort (padhāniyaṅga) nous assure la connaissance spéciale du Dhamma dans cette vie même. ① la foi en les qualités du Bouddha ou, du moins, du Dhamma (supérieure à une foi purement traditionnelle). On peut dire qu’on la possède lorsque l’on constate que les résultats sont conformes à notre pratique. ② la santé qui doit au moins permettre de dormir et digérer. ③ l’honnêteté : ne pas chercher à cacher ses fautes par tromperie (māyā) et ne pas prétendre posséder des qualités spirituelles que l’on n’a pas (sāṭheyya). Ce facteur est important pour les interviews. ④ l’effort ardent. Au début il n’est pas naturel, il faut se motiver et nous ne parvenons pas encore à le faire émerger. ⑤ Comprendre la relation causale entre corps et esprit et voir leur apparition et disparition. Avec l’effort, joie (pīti) et bonheur (sukha) apparaissent, mais il faut les noter pour continuer à progresser.

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