Tuer, maltraiter, la colère et leurs effets kammiques

Dans le cūḷakammavibhaṅga sutta, le Buddha donne à Subha d’abord une réponse courte : les actes rendent les êtres inférieurs ou supérieurs. Les êtres sont les possesseurs et les héritiers de leurs actes. Les actes sont leurs parents et leur refuge.

Il donne ensuite une réponse détaillée : ❶ certains aiment tuer et s’y habituent. Ils renaissent dans les plans de misère : animaux, fantômes, démons ou habitants des enfers. S’ils renaissent comme humains, leur vie est courte. Ceux qui s’abstiennent de tuer renaissent parmi les devā ou, s’ils renaissent comme humains, ont une vie longue. ❷ Certains tourmentent les êtres avec leurs mains, des pierres ou des bâtons. Ils sont destinés aux plans de misère ou, s’ils renaissent comme humains, sont affligés de diverses maladies. Ceux qui s’abstiennent de maltraitances ont une bonne santé.

Autrefois, un laïc se fît moine a Sāvaṭṭhi et reçut le nom de Tissa. Il avait des boutons sur tout le corps. D’abord comme des grains de moutarde, ils grossirent pour devenir des haricots et puis de grosses oranges, avant d’éclater en laissant des trous puants. Il fût surnommé ‘Tissa au corps puant’ (Pūtigattatissatthera). Finalement, les tumeurs atteignirent les os, les rendant fragiles, et il s’alita sans personne pour l’aider. Le Buddha qui balayait l’univers de son œil divin vît qu’il pouvait atteindre l’illumination. Il se rendit chez le moine, lava son bol et bouillit de l’eau pour le laver. D’autres moines l’aidèrent alors à déplacer le lit dans la cuisine, lavèrent ses trois robes et les séchèrent au soleil. Ils le couvrirent de la robe extérieure pendant qu’ils lavaient l’inférieure. Le Buddha lava lui-même Pūtigattatissatthera lequel ressentit un grand soulagement. Il dit ensuite au moine que son corps serait bientôt abandonné nu au cimetière, comme une vieille souche sans valeur. Dans l’Inde ancienne en effet, les corps n’étaient pas enterrés. Observant alors intensément la nature impermanente insatisfaisante et impersonnelle de son corps, Pūtigattatissatthera devînt arhat peu avant de mourir. À l’époque du Buddha Kassapa, il avait attrapé de nombreux oiseaux, leur brisant pattes et ailes avant de les vendre ou de les manger, mais il avait aussi offert un curry d’oiseaux à un arhat en faisant le vœu d’atteindre la libération.

❸ Ceux qui prononcent des paroles dures et donnent libre cours à leur colère renaissent dans des plans de misère, et s’ils renaissent comme humains, ils sont laids. La colère enlaidit l’expression faciale. Pratiquer la patience rend beau. L’essence d’adosa est similaire à celle de mettā, mais mettā implique aussi la bienveillance et la capacité à se réjouir du bonheur des autres. Khantī paramaṃ tapo titikkhā : la patience endurante est l’austérité suprême. Le développement des vertus n’est possible qu’avec la patience : pour sīla plus encore que pour dāna et pour bhāvanā plus encore que pour sīla, car il faut noter tous les objets, agréables ou désagréables. La patience mène à la concentration qui à son tour mène à nibbāna.

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