Viser l’objet et voir la véritable nature

Quand nous pratiquons nous devons constamment diriger l’esprit vers les différents objets qui se manifestent. Il faut fournir un effort pour propulser l’esprit tout en visant l’objet (comme dans le jeu des fléchettes). En méditation assise, nous devons fournir un effort pour diriger l’attention vers l’abdomen de façon à suivre les mouvements de soulèvement et d’abaissement du début à la fin. Il faut aussi observer tout ce qui se manifeste à chaque instant (sensations dans le corps, douleurs, etc.).

En pali, l’effort se dit viriya et le fait de viser, vitakka. Il est nécessaire d’observer dans l’instant présent. Si nous sommes trop rapides, l’objet n’est pas encore vraiment là et il ne sera pas clair, si nous observons trop tard, l’objet a déjà commencé à disparaître. Donc, pour voir clairement les objets, il est indispensable de les observer dans l’instant présent, à l’instant précis où le phénomène se manifeste.

Les éléments physiques sont essentiellement les quatre grands éléments. Nous les expérimentons très vite dans la pratique. Il y a paṭhavīdhātu, l’élément terre (dureté, douceur, …); vāyodhātu, l’élément air (poussée, vibration, tension, mouvement, …), tejodhātu, l’élément feu (chaleur, froid, brûlure, …) et āpodhātu, l’élément eau (cohésion, humidité, sécheresse, …). Ces quatre éléments se retrouvent dans chaque particule infiniment petite du corps.

Au fur et à mesure que l’attention se développe, nous allons observer le corps à 3 niveaux: le 1er niveau, c’est la forme (l’œil mental voit un bras, une jambe, etc.); le 2e niveau, c’est la manière ou la position (l’œil mental voit le bras levé ou la main fermée, le pied qui se lève ou s’abaisse, la posture debout, assise, couchée, etc.); le 3e niveau d’observation du corps physique, est celui de la véritable nature des phénomènes, la réalité. Ce 3e niveau est très subtil et tout ce qui était perçu précédemment, soit comme forme, soit comme position ou manière, va disparaître. La seule chose dont nous devenons conscients, ce sont les qualités de ce que l’on observe: dureté,  douceur, cohésion, etc.

Cette véritable nature se manifeste non seulement au niveau du corps physique mais aussi au niveau de l’esprit: comment se passe l’audition, par exemple? Il y a tout d’abord l’oreille, la base sensorielle; il y a l’onde sonore qui entre en contact avec cette base sensorielle, ce contact va faire surgir automatiquement la conscience auditive et le ressenti, agréable, désagréable ou neutre. Quand vous notez « entendre », il y a donc 5 éléments qui se manifestent.

Pendant la marche, nous allons diriger notre attention vers les mouvements des pieds, nous observons aussi la posture debout et le mouvement de rotation du corps.

Pendant les activités quotidiennes, nous allons surtout observer les quatre postures. Nous devrons observer les transitions avec attention. Mais il y a également tous les mouvements que nous ferons tout au long de la journée. Au moment des repas, il y a beaucoup de choses à noter : s’asseoir, prendre un couvert, prendre la nourriture, la porter à la bouche, goûter, macher, avaler, etc. Il faut essayer d’atteindre la continuité de l’attention. Le méditant essaie d’être toujours connecté à ce qui se passe à l’intérieur de lui et s’efforce de tout noter.

Si la somnolence se manifeste, voici des méthodes pour s’en extraire: ❶ changer d’objet ; par exemple, prendre comme objet la posture assise et le toucher. ❷ se remémorer et réciter des textes appris par cœur. ❸ tirer sur les oreilles, se faire des petits massages. ❹ se rafraîchir à l’eau froide. ❺ fixer des yeux un point éloigné ou fixer un point lumineux. ❻ pratiquer la marche. ❼ pratiquer en posture allongée en évitant de s’endormir.