Comment noter aux six portes sensorielles

En comprenant comment observer les processus de la vision et de l’audition, il est possible de déduire comment les autres sens doivent être observés.

Il y avait à l’époque du Buddha un moine très fier de ses connaissances du Dhamma. Le Buddha l’appela Poṭṭhila l’inutile car, bien qu’il enseignât, il ne pratiquait pas lui-même. Il quitta donc son monastère et se rendit dans celui où vivaient 30 arhats. Mais tous refusèrent de lui enseigner, connaissant sa grande fierté. Finalement, il requit très humblement les instructions d’un novice de 7 ans qui était arhat, se prosternant devant lui. Se prosterner n’est pas facile. Chacun a sa fierté : celle d’être devenu riche, d’être beau, d’être un homme de devoir, etc. Le novice accepta à la condition que Poṭṭhila accepte de se conformer à ses instructions. Nous aussi, pour progresser, il nous faudra suivre les instructions précisément. Il lui donna alors l’exemple d’un lézard réfugié dans un monticule de terre avec six trous. Pour l’attraper, il faudrait boucher cinq trous et monter la garde au sixième.

L’analogie fonctionne pour les six portes sensorielles. Lorsque nous notons la vision au moment où elle se manifeste, nous ne réagissons pas en aimant ou en n’aimant pas (vedanā, le ressenti) et nous ne laissons pas entrer le désir (taṇhā) ou l’aversion. La porte de l’œil est donc fermée par l’attention. Si l’esprit est habité de pensées négatives, il n’est ni pur, ni clair.

Pour que le contact visuel se produise, il faut la concomitance de la sensibilité de l’œil, de l’objet visuel et de la conscience visuelle. Le contact peut être fort ou faible. Un objet reconnu comme agréable ou désagréable suscite le désir ou l’aversion. Lorsque nous ne parvenons plus à éliminer ce désir, l’attachement est présent. Au moment de la mort, le signe du destin qui apparaît éventuellement est dû à l’attachement. L’attachement cause le devenir (bhava). Si nous ne parvenons pas à noter « voir » au moment de la vision, ces processus mentaux vont se succéder. S’il n’y a pas de devenir, il n’y a pas de renaissance. Mais l’esprit s’affaire toujours et s’implique dans les contacts sensoriels. En méditation, nous tentons de ne pas en arriver à ce stade, l’esprit qui note reste pur et clair. Lorsque nous notons « voir », l’image disparaît et il n’est plus possible de noter « voir ». Nous voyons ainsi que l’esprit qui note disparaît aussi.

La même chose vaut pour l’audition où nous pouvons expérimenter la disparition du son. Parfois les yogis rapportent que le son leur apparaît disloqué, parfois qu’il leur semble venir de très loin. L’expérience est différente mais la compréhension est la même.

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