Comment pratiquer dans la vie quotidienne

La retraite est seulement un entraînement, qu’il faut pouvoir appliquer. Certains pensent devoir aller en Orient ou à Bodhgaya pour méditer, mais il ne s’agit jamais que d’apprendre une technique. Les étudiants qui vont à l’université ne doivent plus y retourner plus tard, mais appliquer ce qu’ils ont appris.

Dans le theravāda, le but est d’apprendre l’attention (sati) et la sagesse (paññā). Dans la Mahāyāna, il s’agit de la compassion (karuṇā) et de la sagesse. Il y a beaucoup d’écoles dans le Mahāyāna, au Tibet, au Japon, en Chine, en Corée, dont l’approche est différente mais l’essence et le but sont les mêmes. Chaque professeur affirmera que sa technique est la meilleure. Aimer sa technique ne signifie pas haïr celle du voisin, comme aimer sa mère ne signifie pas haïr celle des autres. Mais ce qui compte, c’est le médicament, pas le docteur.

Dans la vie de tous les jours, lorsque l’on est assis ou que l’on fait quelque chose, il faut observer l’esprit, ce qu’il aime ou n’aime pas, parfois heureux ou malheureux, et laisser passer. La méditation ne se réduit pas à l’assise. Si on me demande combien d’heures je médite par jour, je réponds toute la journée. Lorsqu’on regarde la télévision, on ne se voit pas soi-même. Il faut regarder notre propre cinéma intérieur. Pensées et émotions sont impermanentes. Ne pas être perturbé face aux huit vicissitudes (gain/perte, popularité/impopularité, louange/blâme, souffrance/bonheur), est une bénédiction suprême, qui procède de nos propres efforts. Lorsqu’une personne nous insulte, il ne faut pas penser à elle, et observer notre réaction. En réalité cette personne souffre et n’a pas besoin de notre colère. Il faut développer mettā à son intention. Mettā permet d’éviter beaucoup de problèmes dans la vie. Mettā peut être pratiqué de concert avec vipassanā. Si vipassanā n’aide pas face aux émotions, il faut pratiquer mettā.

Un érudit très célèbre du Mahāyāna, Shantideva disait que le monde était parsemé d’ordures, mais plutôt que de le couvrir de cuir, mieux vaut s’équiper d’une bonne paire de chaussures, l’attention et la sagesse. S’isoler en forêt ou dans l’Himalaya est inutile, car les impuretés sont dans notre esprit.

Vous êtes libres d’apprendre d’autres techniques si c’est nécessaire pour vous. Parfois j’enseigne des choses difficiles à comprendre ou avec lesquelles vous n’êtes pas d’accord. La doctrine bouddhiste est ancienne et nous avons parfois des idées ou des voies différentes. Il ne faut pas s’arrêter aux différences, mettre en pratique les bons aspects et oublier les autres. C’est comme au magasin, on n’achète que ce dont on a besoin. Je ne n’exige pas comme certains professeurs que vous suiviez ma technique. Il y a 10 ans quand je vivais en Angleterre, John Maxwell couvrait toutes mes dépenses, mais pratiquait la méditation tibétaine. Cela ne m’empêchait pas de lui envoyer mettā et de souhaiter que sa pratique lui profite.

Importance de la continuité de la pratique, quotidienne, mensuelle. C’est comme le piano, il faut s’entraîner régulièrement.

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