Contemplation de l’aspect répugnant du corps

Aujourd’hui, je vais réciter une stance du Buddha, avant de l’expliquer:

asubhānupassiṃ viharantaṃ, indriyesu susaṃvutaṃ.
bhojanamhi ca mattaññuṃ, saddhaṃ āraddhavīriyaṃ.
taṃ ve nappasahati māro, vāto selaṃva pabbataṃ.

Celui qui contemple le caractère impur du corps, qui est bien établi dans le contrôle des sens, qui mange avec modération, qui est plein de foi et d’énergie, ne sera certainement pas submergé par Māra.

asubhānupassiṃ viharantaṃ. La contemplation de l’aspect répugnant du corps est l’une des quarante pratiques de samatha. Le corps est constitué de 32 parties. Dans cet exercice, on peut se limiter à la récitation des cinq premières d’entre elles: kesā, lomā, nakkhā, dantā, taco. On appelle cela « taca-pañcaka-kammaṭṭhāna ». « Dans ce corps, il y a ces cinq parties… ». (atthi imasmiṃ kāye…) Toutes ces parties sont dégoûtantes et impures. C’est ainsi qu’il faut réfléchir. On peut y réfléchir autant de fois que l’on veut. Se concentrer sur une seule de ces cinq parties peut même nous conduire jusqu’à l’illumination, si on possède les pāramī, comme le frère cadet de Sāriputta, âgé de sept ans, qui devînt arhat alors qu’il réfléchissait au caractère répugnant de ces parties pendant qu’on lui rasait la tête pour devenir novice.

indriyesu susaṃvutaṃ. J’ai déjà expliqué comment avoir les sens bien gardés et sous contrôle. Pour y parvenir, il faut déployer āraddhavīriya, l’effort physique et mental. Dans le Mahāsatipaṭṭhāna sutta aussi, il est question de ātāpa, l’effort ardent. En effet, l’esprit est très véloce, il n’est pas possible de saisir l’objet à moins d’un esprit très fort. C’est la raison pour laquelle l’objet primaire est très important. Les mouvements de l’abdomen sont toujours présents en nous ce qui rend leur observation facile. Une fois l’attention bien établie, quel que soit l’objet qui apparaît, l’esprit pourra le saisir.

bhojanamhi ca mattaññuṃ. J’ai déjà expliqué comment manger avec modération, en renonçant aux quatre ou cinq dernières bouchées et en les remplaçant par quelques gorgées d’eau, afin d’avoir un esprit alerte après le repas.

saddhaṃ āraddhavīriyaṃ. Quand l’esprit est très actif, qu’il y a abondance d’énergie physique et mentale, la confiance est générée. Les débutants ne peuvent maintenir la posture toute une heure. Lorsque l’attention se renforce, ils peuvent rester sans bouger ou sans pencher vers l’avant. L’énergie physique est générée par l’énergie mentale. Vous avez la détermination à rester avec l’objet du début à la fin. Lorsque vous devenez capables de noter l’abdomen, la confiance va apparaître en vous: « Mon esprit n’est plus emporté par les pensées, je suis capable de noter dix, vingt, soixante fois, pendant une, deux, trois minutes sans penser. » C’est ainsi qu’on construit l’attention. À ce moment-là, l’avidité (lobha) ou la haine (dosa) ne sont pas dans l’esprit. On sait « ceci est le soulèvement, ceci, l’abaissement ». Il n’y a pas d’illusion (moha) dans l’esprit. Comme l’indique le mahāsatipaṭṭhāna sutta, cette pratique permet la purification des êtres (sattanaṃ visuddhiyā).

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