Évaluer sa progression: les trois connaissances profondes

Le Visuddhimagga explique les dix stades de la progression vipassanā. Certains maîtres expliquent ces stades de progression car ils pensent que cette connaissance théorique permet aux yogis de mesurer leurs progrès, d’autres ne le font pas. Mais en réalité le yogi peut lui-même évaluer sa progression au travers des connaissances profondes (pariññā).

Les yogis choisissent une méthode individuelle qui correspond à leur tempérament, mais après quelques jours, quelle que soit la méthode, il faut être conscient de ce qui se passe dans le corps et l’esprit. Dans la méthode de Mahasi, les yogis observent d’abord le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen et observent plus tard aussi les visions, sensations, pensées, etc. Ils observent un par un les objets qui apparaissent. Dans la méthode d’U Ba Khin (représentée aujourd’hui par Goenka), les yogis observent tous les ressentis. Il existe aussi des méthodes plus traditionnelles où les pratiquants sont simplement conscients de l’air qui entre et sort par les narines. Après quelques jours, ils sont conscients de tout ce qui se passe dans le corps au moment précis où cela se produit. C’est difficile au début car beaucoup de choses se passent, mais les yogis deviennent capables peu à peu de connaître un par un chaque processus au moment où il se produit. Cette connaissance des choses telles qu’elles sont, c’est ñāta pariññā. C’est difficile d’y parvenir.

À cause de l’apparition de l’objet, la conscience de l’objet apparaît. Le yogi réalise qu’il n’y a rien de solide. Tout est processus. Le scientifique qui observe le corps aussi réalise qu’il n’y a rien de solide dans celui-ci, rien que des atomes, mais le yogi en fait l’expérience directe. La connaissance qui surmonte le concept de solidité, c’est tīrana pariññā. Des scientifiques reconnaissent la démarche scientifique du bouddhisme, lequel ne demande pas de croire mais d’investiguer par soi-même.

Le yogi réalise ensuite qu’il n’y a rien de désirable et se débarrasse de ses hallucinations. C’est pahāna pariññā. Il y a trois types d’hallucinations : ① par rapport à notre personne ② par rapport à nos pensées ③ par rapport à nos vues. La personne hallucinée ne voit pas la réalité, elle ne voit pas l’impermanence, la souffrance et le non-soi.

Ces connaissances doivent être développées dans la vie quotidienne aussi avant de pratiquer vipassanā. Sans cette compréhension, nous nous attachons (upādāna) à nos pensées, à nos sentiments, à notre religion, etc., et nos problèmes ne diminuent pas. En atteignant le premier pariññā, le yogi est encouragé à poursuivre.

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