Instructions : les quatre types d’objet à observer

Il est important de définir vipassanā, aussi appelé méditation de l’attention, de la vision pénétrante ou de la sagesse. Il faut investiguer le corps et l’esprit pour comprendre la vie et les choses telles qu’elles sont réellement au niveau de la réalité ultime.

Nous devons comprendre comment observer. D’habitude, l’esprit pense au passé ou au futur. Il faut fournir un gros effort pour le maintenir dans le présent. Nous n’y parviendrons qu’avec la concentration. Il faut aussi que l’observation soit continue. L’esprit ne voit pas clairement en raison des pollutions mentales.

Nous pratiquons les quatre établissements de l’attention : le corps physique (kāya), les ressentis (dont les caractéristiques et la fonction sont différentes de l’esprit), l’esprit et les contacts sensoriels des cinq sens. Ces quatre catégories d’objets sont la vie elle-même.

Il faut suivre les instructions comme un enfant qui ne les comprend pas trop mais s’y conforme. L’objet primaire d’observation à l’assise, c’est le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen. Celui-ci est provoqué par la respiration (ce qui conditionne la vie – kāyasankhāra), mais ce que nous observons dans l’abdomen, c’est en réalité l’élément ‘air’ dont la caractéristique est le mouvement. Il faut noter ces mouvements quand nous les ressentons. L’enfant qui le fait sentira très vite le calme et la paix et sera heureux. Notre but n’est pas d’être calme ou heureux mais de comprendre la réalité.

Au début l’esprit est facilement distrait par les bruits de voiture, de craquement du plancher, etc. S’il vagabonde, la concentration est perdue. Il faut en prendre conscience, les noter, les abandonner, puis revenir à l’abdomen. Un objet, comme une douleur, peut néanmoins persister et devenir prédominant. Il faut dans ce cas le prendre pour objet primaire, et l’observer en son centre. Nous pouvons avoir l’impression que plusieurs objets se présentent en même temps, mais en réalité ce n’est pas possible. Il faudra prêter une attention exclusive à chaque objet séparément. Si nous lisons deux livres à la fois, nous ne pourrons les comprendre clairement. Il faut aussi être attentif aux pensées, car l’esprit s’y complaît et prendre garde à la somnolence. L’esprit est habitué à l’agitation. Comme le poisson qui s’agite lorsqu’il est tiré de son milieu, l’esprit que l’on empêche de penser s’agite beaucoup mais finit par se calmer. Quelle que soit l’énergie, elle ne devient utile que si elle est contrôlée, et il en va de même de l’énergie de l’esprit. Il faut donc apprendre à noter quatre types d’objets : l’objet primaire, l’objet secondaire (comme les douleurs), les pensées et la somnolence.

Une retraite de deux semaines, ce n’est pas très long. Nous perdons notre temps si nous ne nous maintenons pas dans le présent. Avec un effort, une attention et une concentration faible, c’est difficile, mais après deux jours, cela devient plus facile. Il faut se montrer patient. Le but est de comprendre que les phénomènes qui nous constituent apparaissent et disparaissent constamment et sont liés par un lien de causalité. Ainsi serons-nous satisfaits de notre retraite.

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