La joie du Dhamma

Aujourd’hui, j’aimerais discourir du bonheur ou de la joie dans le Dhamma. Les yogis pratiquent depuis 17 jours avec diligence, jour et nuit, étant attentifs à chaque instant sans exception. Parfois, ils ne rencontrent pas de difficultés, de douleurs physiques ou d’états d’esprit négatifs. Mais s’ils ne parviennent pas à noter l’objet présent, l’insatisfaction apparaît. Si la note mentale touche l’objet de façon rapprochée, ils sont heureux. Bref, ils expérimentent différentes conditions et qualités physiques et mentales. S’ils ne notent pas, ils ne connaîtront rien au sujet du corps et de l’esprit.

J’aimerais réciter une stance du Buddha pour encourager les yogis: dhammapīti sukhaṃ seti vippasannena cetasā. ariyappavedite dhamme sadā ramati paṇḍito. Cette stance est très apaisante. Il y est question des attributs du Dhamma. Tous les jours, nous récitons les qualités du Dhamma: Svākkhāto bhagavatā dhammo: sandiṭṭhiko akāliko ehipassiko opaneyyiko paccattaṃ veditabbo viññūhi. Svākkhāto, la première qualité, signifie « bien exposé ». Le Dhamma est bon au début, au milieu et à la fin. Si on l’écoute respectueusement et attentivement, une forme de paix apparaît en nous avant même de se mettre à la pratique du Dhamma. Il n’y a pas d’inquiétude ou de lourdeur d’esprit. L’esprit est pur et clair. C’est le bénéfice de l’écoute du Dhamma.

Quand on pratique, on est très heureux: ❶ lorsque l’on repense à notre moralité, à notre pratique de sīla, la joie apparaît. Nous nous disons « je n’ai fait aucune mauvaise action, j’ai de la compassion pour les êtres » et nous nous réjouissons. ❷ la pratique de samādhi revêt plusieurs formes. Quand nous rayonnons l’amour bienveillant (mettā) envers tous les êtres et que l’esprit est concentré sur ceux-ci, une forme de paix, de sérénité apparaît en nous. C’est aussi une forme de bonheur. ❸ vipassanā, c’est la pratique de paññā. On essaie de noter tous les objets aux six portes des sens. Quand l’attention est très forte, on est occupé avec l’objet. Quel que soit l’objet, on essaie de le noter. De l’énergie sera générée ainsi qu’une forme de ravissement ou de contentement. On sait à ce moment à quel point il est bon de suivre le Dhamma.

Un non-pratiquant ne peut expérimenter ou comprendre un tel bonheur. Cela ne ressemble pas au plaisir sensuel. Un débutant ne pourra pas non plus connaître ce bonheur mais quelqu’un qui a expérimenté les dhammas tels qu’ils sont le peut. Nos yogis ont pris les neuf préceptes et savent pour eux-mêmes qu’ils n’ont pas commis de mauvaises actions ou paroles. Quant à l’esprit, il est difficile de veiller sur lui: on essaie de le maintenir sur l’objet, mais les pensées l’emportent au loin si l’attention n’est pas assez forte. Il nous faut fournir des efforts énergiques. Les yogis pratiquent respectueusement mais ne disposent pas encore de la puissance d’esprit nécessaire. L’esprit est trop rapide et léger. Peut-être parvenons-nous juste à noter l’objet primaire trois fois avant que l’esprit ne s’envole. Nous voyons qu’il faut déployer plus d’efforts. L’esprit négatif (reproches, critiques) s’empare de nous. La pratique n’est pas assez bonne. Il nous faut comprendre les conditions. On accumule du retard et l’expérience du bonheur et du ravissement est repoussée à plus tard.

Le Buddha le savait bien. Lui aussi a pratiqué six ans sans succès, sans même parvenir à établir la concentration, car il ne suivait pas la bonne voie. En outre, il avait mené une vie de luxe dans sa jeunesse. C’est pour cette raison qu’il recommandait de déployer des efforts. La concentration des yogis est meilleure maintenant qu’au début de la retraite. Lorsqu’ils se frottent à la pratique, ils améliorent lentement leur concentration, ils peuvent comprendre le corps et l’esprit et un véritable bonheur s’installe dans l’esprit.

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