La méditation en marche

Lorsque le méditant marche, il sait qu’il marche (gacchanto va gacchāmi ti pajanāti) Lorsqu’il est debout, assis, couché, le méditant sait qu’il est debout, assis, couché. Ce sont les instructions du Buddha. Elles sont très simples mais difficiles à mettre en pratique. Il ne suffit pas de le savoir superficiellement, il faut observer attentivement. Le yogi doit emmener tout le temps l’attention avec lui, ne pas se dire au moment d’aller se coucher qu’il a terminé son travail et peut se reposer, mais continuer à noter jusqu’à s’endormir.

La méditation en marche est aussi importante que l’assise. Elle permet de comprendre les trois caractéristiques des phénomènes. Lorsque l’on note « pas droit, pas gauche », la réalité conventionnelle nous apparaît encore au début même si nous sommes déjà conscients du mouvement. Il faut fixer l’esprit sur les pieds seulement, car la concentration n’est pas possible si nous observons deux objets simultanément, par exemple les pieds et la respiration.

Au bout de la piste, observer la station debout très attentivement, en prenant son temps, éventuellement en fermant les yeux. Noter ensuite « tourner » puis à nouveau « debout ». Faire une note par pas en suivant le mouvement avec précision, les yeux vers le bas. Lorsque nous y parviendrons, le désir nous viendra de faire deux notes par pas (lever, abaisser). À ce stade, il faut aussi noter l’intention de lever le pied. L’intention apparaît naturellement à certains yogis dont l’attention est forte. Il ne faut pas trop penser et noter les pensées si elles sont nombreuses. S’il y a peu de pensées, nous pouvons passer à trois notes par pas (lever, avancer, baisser).

Nous notons les phases du pas pour réaliser qu’il n’y a personne mais seulement l’esprit et la matière, l’esprit qui note et le mouvement. Il faut pour cela noter de façon ininterrompue et sans penser. Au début, l’attention est encore faible mais nous percevons le mouvement, la dureté, la douceur. Lorsque nous notons deux phases du pas, nous ressentons la légèreté en levant le pied et la lourdeur en l’abaissant. Le mouvement, c’est l’élément air, la chaleur et le froid, l’élément feu et la dureté et la douceur, l’élément terre. Lorsque nous passons à trois notes par pas, nous allons très lentement, le comportement devient composé. La confiance et l’énergie mentale sont présentes. Le yogi peut répondre aux questions : qui marche, à qui appartient ce processus et pourquoi la marche a-t-elle lieu ? Nous comprenons que l’intention relève de l’esprit, que c’est elle qui incite l’air à bouger et à provoquer le mouvement. En observant ainsi, le temps va passer très vite.

Après l’enseignement, les méditants aiment vérifier leur expérience, mais il ne faut pas le faire pendant la pratique. Parfois le méditant s’ennuie en faisant une note par pas, même s’il le fait correctement. Il peut faire deux notes par pas mais il est bon après l’assise de faire une note seulement pour relaxer le corps.

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