La méditation en marche

Dans le Mahāsatipaṭṭhāna sutta, le Buddha instruit d’être constamment attentifs dans les quatre postures, notamment à la marche : gacchanto va gacchāmi ti pajanāti. Lorsqu’il marche, se tient debout, assis ou allongé, le yogi le sait. C’est très simple en théorie mais difficile en pratique. Le yogi doit se maintenir constamment dans l’instant présent, qu’il étiquette le phénomène ou non. Il faut être conscient de marcher mais aussi observer très attentivement le mouvement sans quoi l’esprit va s’envoler. Parfois, le yogi ne parvient pas à dépasser le concept, l’attention reste superficielle et il ne comprend pas anicca, dukkha et anatta.

Il faut beaucoup d’énergie pour maintenir l’esprit sur l’objet jusqu’à la fin de la piste. Si les pensées ne sont pas trop intrusives, ne pas les noter, mais continuer à observer. Il est très utile d’étiqueter les phénomènes au début, même si Mahasi Sayadaw a dit que les notes mentales n’étaient pas importantes en elles-mêmes. Elles facilitent le développement de l’attention. En fonction de notre rapport, le professeur nous dira s’il faut continuer à étiqueter.

À la fin de la piste de marche, noter « debout », puis « tourner », puis à nouveau « debout ». Si nous parvenons à faire une note par pas, à suivre le mouvement attentivement, nous remarquerons qu’il n’y a plus aucune pensée, imagination, critique ou souvenir. La confiance va se manifester. Nous voudrons tout naturellement passer à deux notes par pas. L’attention exigée est alors plus forte et demande plus d’efforts. L’énergie va se développer. Il faut une attention très développée pour expérimenter en profondeur. À l’entretien, le yogi explique par exemple qu’il voit que c’est le talon qui décolle du sol en premier. Il ne faut rien rechercher ou attendre, seulement observer. L’expérimentation va se manifester naturellement. Peut-être des yogis doués percevront-ils l’intention. Mais c’est difficile.

Si on parvient à faire deux notes par pas, il sera facile de passer à trois notes par pas. L’attention s’affine encore et la concentration se développe. La confiance est développée et le yogi souhaite voir tout en détail. Le yogi est très respectueux et se déplace de façon lente et composée. Le Buddha instruit de se comporter comme si on était malade. Il n’y a pas d’indication par rapport à la lenteur, qui dépend de l’attention et vient naturellement. Nous pensions encore « je marche » lorsque nous faisions une note par pas. Désormais, nous ressentons de la légèreté, aucune douleur, la forme du pied a disparu et il n’y a plus que des sensations, lourdeur, dureté, douceur, etc. C’est bhāvanāmayañāṇa, la connaissance issue de l’expérimentation et non de l’ouï-dire (sutamayañāṇa) ou de la réflexion (cintāmayañāṇa).

Il ne faut pas négliger la marche en pensant qu’elle est trop facile ou l’assise en pensant que la marche est moins douloureuse. Il faut alterner les deux. Les bénéfices de la marche selon le Buddha sont ❶ capacité à parcourir de longues distances, ❷ vigueur physique, ❸ prévention des maladies, ❹ bonne digestion et ❺ concentration durable.

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