La moralité et le contrôle des sens

Je vais poursuivre aujourd’hui l’explication de la stance récitée hier: uṭṭhānenappamādena, saṃyamena damena ca ; dīpaṃ kayirātha medhāvi, yaṃ ogho nābhikīrati. J’ai expliqué hier les mots uṭṭhāna (diligence) et appamāda (non-négligence) et expliqué comment le yogi devait être attentif en fournissant un effort physique et mental.

Saṃyama fait référence aux préceptes et à sīla, la moralité, laquelle constitue le fondement pour se libérer de la souffrance. Nous devons nous discipliner. Ici, nous prenons 9 préceptes, le neuvième étant le rayonnement de l’amour bienveillant envers tous les êtres. Globalement, les préceptes nous amènent à prendre garde à nos actions physiques et verbales. Même si la méditation est un travail sur le mental, son fondement est le contrôle des actes physiques et verbaux. Il faut être pur dans le corps et l’esprit pour atteindre la libération.

On distingue trois types d’actions: kāyakamma (les actes physiques – il faut éviter de tuer ou de voler), vacīkamma (les actes verbaux – éviter de mentir, cancaner ou médire), manokamma (les actes mentaux). On prend soin des deux premiers en observant les préceptes. Lorsque le moine nous donne les préceptes, il nous rappelle à la fin « appamādena sampādetha ». Comme le Buddha avant de mourir, il nous demande de ne pas oublier de pratiquer l’attention dans les quatre postures, tout au long de la journée.

Dama renvoie au contrôle des six sens. Il faut prendre soin des sens sinon les pollutions mentales (kilesa), toujours présentes en nous, vont remonter à la surface. Si on voit quelqu’un, l’avidité, la colère ou l’ignorance peuvent apparaître. Ce sont des actes mentaux ou des états d’esprit malsains qui obscurcissent l’esprit et empêchent la concentration. Dans le mahāsatipaṭṭhāna sutta, il est question de dhammānupassanā. Lorsque l’on voit, entend, sent, goûte ou touche quelque chose, il faut noter « voir », « entendre », « sentir », « goûter » ou « toucher ». On n’observe pas seulement l’abdomen (kāyānupassanā). Si on observe l’abdomen, c’est parce qu’il est plus facile à noter, mais quand l’attention est renforcée, on parvient à noter « voir », etc. Si l’attention est très forte, on pourrait voir des nimitta, des images plaisantes ou déplaisantes. Il faut alors noter rapidement « voir », sous peine de s’attacher à ces images. En effet, les yogis n’ont jamais vu de telles images auparavant et pourraient facilement s’y attacher. Ces visions apparaissent en dépit de nous. Elles ne sont d’ailleurs pas toujours plaisantes. Elles peuvent être effrayantes par exemple. Si on les note, l’avidité ou la peur ne vont pas apparaître. Si on parvient à les noter, on possède la qualité de « dama », on est capable de contrôler les sens comme celui de la vision.

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