La mort

Parcourant le monde de son œil divin, le Buddha vit une jeune fille d’Āḷavī qui avait le potentiel pour l’illumination mais qui devait mourir ce jour-là. Elle avait entendu un premier sermon du Buddha six ans plus tôt et pratiquait depuis lors tous les jours la contemplation de la mort (maraṇasati). Alors qu’elle courait chercher du fil pour son père tisserand, elle vit le Buddha. Celui-ci lui demanda d’où elle venait, où elle allait, si elle ne savait pas et si elle savait. Elle répondit simplement par l’affirmative ou la négative. Le public la croyait impertinente mais le Buddha savait qu’elle avait compris le sens profond des questions : elle ne connaissait ni sa précédente ni sa future existence. Elle savait qu’il lui faudrait mourir mais ne savait pas quand. L’Abhidhamma énumère 31 plans d’existence : les plans de misère (apāya), des devā, des brahmā, immatériels (arūpa) et humain. À l’époque, les vues fausses de l’annihilation après la mort ou de l’existence éternelle étaient répandues.

Nous aimerions reprendre naissance dans les plans des devā ou humain. Mener des actions positives, pratiquer dāna, sīla et bhāvanā, écouter des enseignements, aider les yogis, etc., peut nous y aider, mais il n’est pas possible d’avoir toujours une bonne renaissance. Mahasi encourageait à pratiquer au moins jusqu’au stade de sotāpanna pour exclure toute renaissance misérable. Moggallāna rendît visite autrefois à la devī Uposathā et lui demanda comment elle avait pris naissance dans ce plan. Elle expliqua avoir pratiqué modestement la méditation (elle était en réalité déjà sotāpanna) et avoir écouté un moine qui parlait souvent du plan des devā. Il est possible d’orienter sa renaissance. Elle était néanmoins contrariée car il n’est pas possible de méditer dans ce monde de plaisirs.

Au moment de la mort peuvent apparaître le signe, apaisant ou effrayant, du kamma (une action très ancienne peut revenir en mémoire) ou de la destinée (kamma- ou gatinimitta). L’ami spirituel peut jouer un rôle important et aider l’esprit faible du mourant à se remémorer ses bonnes actions. Les actions positives accomplies souvent (āciṇṇakakamma) et l’action qui précède la mort (āsannaka) sont importants. Il m’avait été demandé un jour au Blue Mountain d’assister un mourant allemand. Je récitai des paritta et lui enseignai à observer son abdomen. Selon sa femme, cela lui permit de mourir paisiblement. Aider les mourants est une activité qui me tient à cœur. Je regrette d’avoir été absent lors du décès de mes parents. Toute ma famille était disciple de Mahasi. Peu avant sa mort, ma mère prit une douche et s’enduit de thanakha. Ma sœur lui confirma qu’elle ressemblait à une devī.

Vous pouvez avoir l’impression de ne pas progresser, mais les efforts auxquels vous consentez ne sont pas vains. Observer les quatre satipaṭṭhāna permet de comprendre les éléments, agrégats, bases sensorielles, quatre nobles vérités et huit facteurs du chemin. Le Buddha a déclaré que rares étaient ceux dans le monde qui voyaient clairement (les apparitions et disparitions).

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