La progression vers les stades avancés

Il faut comprendre plus clairement ce que nous sommes occupés à faire. Avant la libération, l’esprit est plein de pollutions. Mais le sotāpanna se débarrasse d’une bonne partie de celles-ci.

Il y a trois étapes : ❶ ñāta pariñña (comprendre à l’intérieur de soi le lien de cause à effet entrer les phénomènes. Voir la caractéristique individuelle des phénomènes (sabhāva lakkhaṇa) : chaleur, froid, mouvement, vibration, dureté, etc.) ❷ tīrana pariñña (voir les trois caractéristiques communes des phénomènes (samañña lakkhaṇa) : impermanence, souffrance et non-soi. On observe une succession infinie de phénomènes qui apparaissent et disparaissent jusqu’à l’atteinte de anulomañāṇa ou l’esprit s’aligne sur magga et phala). ❸ pahāna pariñña (c’est le stade qui permet d’éliminer définitivement des impuretés. À chaque stade d’éveil, le yogi sait qu’il s’est débarrassé à jamais de nouvelles catégories d’impuretés mentales)

Quelles sont les qualités du sotāpanna ?

① Il a éliminé diṭṭhi, les vues fausses qui s’enracinent dans les concepts comme le « je » et vicikicchā, le doute qui apparaît immanquablement quand l’effort se relâche et que l’on n’a pas encore atteint le premier stade d’éveil. Tant que l’on travaille avec attention et claire compréhension, on voit clairement les phénomènes, mais si les empêchements apparaissent, ils entrainent le doute dans leur sillage. On pensera par exemple que le désir est nécessaire pour l’action. En réalité, il n’est pas possible de se débarrasser du doute par la réflexion et il ne faut pas penser. Nous avons été sous l’emprise du doute au cours d’innombrables vies.

② Il surmonte la triple perversion (vipallāsa) ou hallucination. Saññā-, citta- et diṭṭhivipallāsa. La perception, la pensée et la vue de la permanence sont remplacées par celles de l’impermanence, celles du caractère plaisant des phénomènes par celles de leur caractère insatisfaisant (on comprend que la vie est un fardeau et l’attachement aux processus vitaux diminue) et celles de la personnalité par celles de l’impersonnalité (on cesse de croire que cette personne nous appartient).

③ Il développe une dévotion très profonde envers le Buddha, le Dhamma et le Sangha, ayant expérimenté une paix jusque-là inconnue. Si on voit le Dhamma, on voit le Buddha. Le sotāpanna peut distinguer un Buddha d’un imposteur. Sa foi est inébranlable (adhigamasaddhā). Le bouddhisme est un art de vivre, pas une religion, il est ouvert à tous, et il est admis que les débutants refusent de se prosterner ou de témoigner du respect. Une fois leur pratique développée, ils verront le Dhamma et auront du respect pour le Buddha.

Autrefois, la servante de la reine Sāmāvatī, Khujjutarā recevait 8 dollars pour acheter des fleurs mais empochait la moitié de la somme. Un jour elle entendit un sermon du Buddha chez la fleuriste et devint sotāpanna. Elle avoua, au risque de sa vie, sa mauvaise habitude mais fut pardonnée. Si elle a pu devenir sotāpanna si vite, c’est en raison de ses pāramī développés. Kondañña aussi devint sotāpanna en une heure.

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