La somnolence et l’essence de l’enseignement

L’esprit retourne constamment dans sa maison, dans le monde des plaisirs sensoriels, parfois même à notre insu. Il faut donc noter les cinq empêchements dès leur apparition et on les verra alors disparaître instantanément.

Lorsqu’ils sont pris par la somnolence et la torpeur (thīna-middha), les yogis sont très déçus, le maître leur dit de ne pas s’inquiéter, de noter « somnolence, vertiges, lourdeur, découragement, etc. » selon ce qui apparaît.

La somnolence est parfois due à un manque de sommeil et il faut s’organiser pour bien dormir. Elle peut être due à une nourriture trop riche (fromage, lait, beurre) ou excessive. Il faudrait se priver des trois dernières bouchées à chaque repas. Mais manger trop peu nous rendra dispersés le soir alors que nous aurons faim.

Moggallāna fut pris par la somnolence et le Buddha lui demanda s’il piquait du nez.

Moggallāna venait du village de Kolita et Sāriputta de celui d’Upatissa. Alors qu’ils revenaient d’une fête où ils s’étaient bien amusés, ils furent pris par l’urgence de trouver la non-mort (amata). Ils rejoignirent Sañjaya, maitrisèrent son enseignement mais ne trouvèrent ce qu’ils cherchaient. Ils parcoururent toute l’Inde en vain et résolurent ensuite de se séparer, se promettant l’un l’autre de s’avertir s’ils trouvaient la non-mort. À Rājagaha, Sāriputta vit Assaji qui faisait sa tournée d’aumône près du monastère de Veḷuvāna donné par Bimbisāra. Il fut impressionné par sa démarche attentive et son teint clair et lui demanda qui était son professeur, ce qu’il enseignait et quel était son enseignement préféré. Assaji, bien qu’étant arhat, répondit modestement. Sāriputta insista pour entendre l’essence de cet enseignement. Avant qu’Assaji ne finisse de prononcer sa stance de 32 mots, Sāriputta devint sotāpanna : « Le tathāgata a enseigné la cause. Il a enseigné la cessation de phénomènes qui proviennent de causes. »

Les instructions sont de noter ce qui se manifeste en nous mais au début il faut limiter le champ d’observation au mouvement de l’abdomen car nous ne sommes pas encore capables de noter les contacts aux six portes sensorielles. Peut-être ressentirons-nous des gonflements, poussées, mouvements, etc. Nous commençons progressivement à développer un type de compréhension, mais on ne peut brûler les étapes : éliminer les empêchements, prendre conscience qu’il n’y a rien hormis le mouvement (la matière) et la prise de conscience de celui-ci (l’esprit) et que ce mouvement est lié à la respiration comme l’effet à la cause. Parfois le mouvement devient imperceptible. Si on ne perçoit pas, on ne note pas. La note est donc l’effet d’une cause aussi. Ces phénomènes disparaissent après être apparus, par paires. La stance d’Assaji est ainsi illustrée. À la marche et dans les activités quotidiennes aussi, il nous faut pratiquer respectueusement si nous voulons que la compréhension se manifeste. Le mouvement a lieu en raison de l’intention.

Lorsqu’Upatissa rapporta la stance d’Assaji à Kolita, celui-ci aussi devint sotāpanna. Ils se rendirent chez le Buddha avec 250 disciples. Lors d’une de leur lointaine vie antérieure, ils avaient résolu de devenir disciples principaux d’un Buddha.

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