La souffrance du saṃsāra (suite)

Le Buddha répondit donc à Sakka que l’éradication du désir était suprême parce qu’elle permettait de surmonter la souffrance du Saṃsāra. Le Buddha s’exclama donc au moment de son illumination qu’il avait cherché l’architecte de cette maison et que, faute de l’avoir trouvé, il avait dû errer dans le Saṃsāra et endurer les souffrances de celui-ci. La maison, ce sont le corps et l’esprit (nāmarūpa), soumis à la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Ce sont les cinq agrégats d’attachement. Tout cela est synonyme de souffrance. L’architecte, ce sont le désir avide (taṇhā) et l’ignorance (avijjā). Ils sont donc la cause de la souffrance. En Asie, les gens croient que les êtres proviennent de Brahmā, les brāhmaṇā provenant de sa bouche, les khattiyā, de sa poitrine, les vessā (intellectuels, fermiers, menuisiers, …) de son genou et les suddā (personnes peu éduquées), de son pied. En réalité, il n’y a pas de créateur et nous sommes les possesseurs ainsi que les héritiers de notre kamma. Avijjā, c’est l’esprit qui ne distingue pas le vrai du faux. Croire par exemple qu’il existe une âme qui contrôle tout puis qui, après la mort, soit migre vers un autre corps, soit disparaît à jamais. Comme un aveugle qui risque de tomber dans un trou à tout moment, avijjā peut nous empêcher de faire ce qu’il faut et nous amener à faire ce qu’il ne faut pas.

Eradiquer le désir permet de surmonter la souffrance du saṃsāra. Les yogis attentifs aux 4 satipaṭṭhāna n’ont pas de désir dans l’esprit quand ils notent. L’objet étant vu clairement, l’ignorance est éliminée. La souffrance du saṃsāra est éliminée temporairement. S’il voit les objets apparaître et disparaître, son attention est devenue très forte. Quand il observe le mouvement de l’abdomen ou des pieds, il voit une série de petits mouvements discontinus. Les objets subtils sont de plus en plus clairs. Il est maintenant sur le point de noter l’objet quand il disparaît aussitôt. Il ne voit plus la forme, même s’il peut encore sentir le mouvement. Par moment, le mouvement disparaît et le yogi est confus. Il note ‘toucher’ et ‘assis’, mais ces objets aussi disparaissent. Il faut alors noter ‘savoir’. L’attention est cruciale. Si nous sommes attentifs, la sagesse va se manifester automatiquement, même peut-être à notre insu. « La sagesse procède de la méditation, sans la méditation, la sagesse est perdue ». Au plus nous sommes attentifs, au plus nous verrons. Si le désir est complètement éliminé, il n’y a plus de renaissance.

Sakka demanda ensuite que les devā, qui ne peuvent faire de dons, soient désormais invités lorsqu’un don est fait afin de pouvoir recevoir un partage des mérites (paṭidāna) en disant sādhu trois fois. Du temps du Buddha, Kassapa thera réalisa en une occasion que le couple de vieillards qui s’apprêtait à lui faire un don de nourriture était en réalité Sakka et sa femme Sujātā qui voulaient aussi pouvoir acquérir des mérites.

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