La souffrance du saṃsāra

Le Buddha répondit à Sakka, roi des devā, que le don, la saveur et le ravissement du Dhamma étaient suprêmes parmi les dons, saveurs et ravissements. Quant à l’élimination de l’avidité, elle est suprême, car elle permet de surmonter saṃsāra dukkha. Tant que nous ne sommes pas arhats, nous sommes condamnés à reprendre naissance, et il est impossible de toujours renaître dans le plan humain. Les 4 apāya, le plan humain et le plan des devā appartiennent à la sphère sensuelle. Les plans des brahmā, aux sphères subtiles et immatérielles (rūpa et arūpa). Nous pensons que le monde des devā est meilleur et que les apāya sont pires, car on n’y expérimente que la souffrance. En réalité, aucune forme d’existence n’échappe à la naissance, la vieillesse, la décrépitude, la mort, la détresse, l’association à ce que l’on n’aime pas, la séparation de ce que l’on aime, la non-obtention de ce que l’on désire. Le saṃsāra, c’est en réalité l’attachement aux cinq agrégats, le continuum de corps et d’esprit ou de vie, qui se poursuivra à l’infini tant que nous ne serons pas illuminés. Les actes négatifs nous mèneront vers les plans inférieurs. En méditation, nous expérimentons les 5 agrégats même si nous n’en avons pas nécessairement conscience, chaque fois que nous notons, soulèvement, voir, entendre, etc. La note, c’est la conscience (viññāṇa), la joie ou la déception, le ressenti (vedanā), la reconnaissance, la perception (saññā), l’effort d’être attentif, les formations conditionnées (saṅkhāra).

C’est l’attachement et le désir qui sont la cause de la souffrance, ce qui est difficile à comprendre pour les puthujjana qui vivent dans le monde sensuel (kāmabhava). Lorsque nous expérimentons des visions, sons, odeurs, saveurs, touchers ou pensées agréables, nous les désirons et les recherchons en dépit même du danger éventuel. À la fin de la vie, nous pouvons revivre un kamma accompli au cours de notre vie ou un signe de ce kamma (kammanimitta), ou alors un signe de notre destinée (gatinimitta), une matrice, un parfum, des bâtiments, des devā. Le kamma positif accompli pendant la retraite par exemple peut nous revenir en mémoire, mais aussi le kamma négatif, sous la forme par exemple d’une peur à laquelle nous sommes attachés.

En retraite, il faut noter tous les contacts sensoriels et ne pas laisser l’esprit désirer librement comme à l’accoutumée. Au début, la note reste un peu tardive, et le yogi a le temps d’aimer ou ne pas aimer le contact sensoriel. Mais s’il note au moment précis du contact, le désir cesse. Au début, c’est difficile et c’est pourquoi on demande de revenir à l’objet primaire sans s’attarder sur les contacts sensoriels. À terme, l’esprit est si absorbé qu’il ne reconnaît plus les objets, par exemple les saveurs au repas.

Lorsqu’il atteint l’illumination, le Buddha prononça ces paroles : « anekajātisaṃsāraṃ, sandhāvissaṃ anibbisaṃ. gahakāraṃ gavesanto, dukkhā jāti punappunaṃ. gahakāraka diṭṭhosi, puna gehaṃ na kāhasi. sabbā te phāsukā bhaggā, gahakūṭaṃ visaṅkhataṃ. visaṅkhāragataṃ cittaṃ, taṇhānaṃ khayamajjhagā. » Taṇhā est comparée à un architecte et nāmarūpa à une maison.

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