Le bonheur suprême

Le Buddha répondit donc au roi des devā que le ravissement du Dhamma était le ravissement suprême, précisant que seuls les arhats le réalisaient pleinement. Nous pouvons avoir un avant-goût de ce bonheur en méditation, mais au début, l’esprit vagabonde. Il est impossible d’échapper aux empêchements lorsque l’on pratique vipassanā. Nous les surmonterons en étant attentifs sans interruption. Nous pourrons alors noter tous les contacts sensoriels. Notre esprit sera clair et pur et pourra distinguer esprit et matière, comprendre causes et effets. En devenant capables d’accepter les ressentis physiques et mentaux désagréables, nous n’avons plus d’anxiété en notant le phénomène et nous le voyons disparaître. La confiance émerge. L’énergie physique et mentale se développe. Au début, il n’était pas facile de maintenir l’esprit sur l’abdomen ou de voir clairement les autres objets, mais désormais l’esprit est stable et de nombreux objets nous apparaissent à l’assise. Nous restons assis facilement une heure, le dos droit, avec une sensation de confort, un esprit calme et capable de suivre l’objet très longtemps.

Cette confiance est suffisante pour garantir que nous n’abandonnerons plus la pratique. Nous avions besoin précédemment des encouragements du prof pour surmonter la peur et l’anxiété et s’il nous incitait à méditer plus, nous ne comprenions pas. Désormais le yogi pourrait au contraire avoir l’impression de comprendre mieux que le prof tant le calme qu’il expérimente est inédit. Il surestime son progrès et se vexe de ne pas recevoir d’éloges.

Anuruddha thera, cousin du Buddha, avait atteint les pouvoirs psychiques (abhiññā) et demanda à Sāriputta pourquoi il n’était pas devenu arhat alors que son attention et sa concentration étaient très profondes et qu’il était capable de voir 1.000 univers simultanément. Sāriputta lui répondit que ces prouesses relevaient de l’orgueil (māna), que ce calme très fort était en réalité de l’agitation (uddhacca) car il ne voyait pas qu’il pensait constamment être très calme et que sa déception de n’être par un arhat était du regret (kukkucca). Anuruddha pratiqua alors deux semaines la marche surtout et se dit que le Dhamma était ❶ pour ceux qui n’ont pas d’avidité, l’impatience et l’anxiété à atteindre le but relèvent de l’avidité, ❷ pour ceux qui se contentent de ce qu’ils ont, sachant que les résultats sont proportionnels à l’effort fourni ❸ pour les non indolents. Le Buddha ajouta que le Dhamma n’était pas pour ❹ les orgueilleux, ❺ ceux qui étaient attachés et ❻ ceux qui entretiennent des vues fausses.

Le bonheur du Dhamma surpasse tous les autres : celui qui le possède dort bien, rêve peu et s’il rêve, parvient à noter dans son rêve. Il n’a plus de fort désir de voir, entendre, goûter, etc. Son esprit est serein et cela se voit de l’extérieur. Dès que nous aurons expérimenté ce bonheur, nous ne l’oublierons plus et chercherons à le revivre. Si nous avons expérimenté les 4 éléments, les 5 agrégats, les 12 bases sensorielles, les 7 facteurs d’illumination ou les 8 facteurs du chemin, nous avons expérimenté l’essence du Dhamma.

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