Le contrôle des sens

uṭṭhānenappamādena, saṃyamena damena ca…

La stance explique comment pratiquer convenablement la méditation: il faut le faire avec diligence (uṭṭhāna) en étant attentif à chaque instant (appamāda) et en gardant les préceptes (samyama).

Il faut aussi contrôler les sens (dama). Hier, j’ai expliqué la vision. Même lorsque nous n’attendons rien, un nimitta, une image, peut apparaître. Lorsque l’esprit est puissant, on réalise tout de suite quand l’esprit part en pensée ou lorsqu’une image apparaît. Un esprit non concentré se laisse emporter. Si on note le nimitta toutefois, celui-ci disparaît. Les pollutions mentales (kilesa), ne peuvent alors apparaître.

Il en va de même pour les autres sens. Quand un son est perçu, on cesse de noter l’abdomen et on note « entendre », de façon rapprochée. Idem pour les odeurs (gandha): que l’odeur soit bonne ou mauvaise, il faut la noter, ou alors noter la sensibilité du nez (ghāna). Il en va de même pour la sensibilité de la langue (jivhā) et l’objet du goût (rasārammaṇa). Au moment du repas, on est attentif et on note « voir la nourriture », « prendre », « amener à la bouche », « poser dans la bouche », « poser la cuiller », « mâcher ». Il faut noter « mâcher » autant de fois que l’on peut. De cette façon, on contrôle le sens du goût. Quant au sens du toucher, il possède des points de contact dans tout le corps. Quand nous faisons la vaisselle par exemple, ou pendant la méditation assise lorsque nous notons « toucher » au point de contact avec le sol, nous pouvons contrôler le sens du toucher. C’est par une attention énergique que nous contrôlons les cinq sens. Il n’est pas besoin de chercher un objet, nous notons ce qui apparaît.

Quand l’attention est bien établie sur l’objet primaire, nous pouvons être conscients des objets secondaires partout dans le corps.  

Quand les yogis notent la vision, ils voient l’objet clairement, distinctement. L’homme ordinaire pense « je vois avec mes yeux ». Le désir, la colère ou l’ignorance peuvent facilement s’infiltrer. Mais pour le méditant qui note la vision de façon continuer, lobha, dosa et moha ne peuvent apparaître. Ils voient clairement « ceci est l’esprit, ceci est la matière ». Ils comprennent qu’il n’y a pas d’homme ou de femme, seulement un objet visuel. Ils éliminent les vues fausses (micchā diṭṭhi).

Le yogi qui note « voir » peut être conscient de quatre choses distinctement: ❶ la sensibilité de l’œil (cakkhu pasāda), ❷ l’objet visuel (rūpārammaṇa), ❸ la conscience visuelle (cakkhu viññāṇa) et ❹ l’esprit qui note. L’homme ordinaire qui ne note pas ne voit pas qu’après la vision, c’est un autre esprit qui apparaît: l’esprit qui note. Ces objets sont très subtils et fins et il n’est pas possible de les voir sans noter.

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