Le don du repas – Samatha et vipassanā

Les yogis offrent le repas au moine et aux autres yogis pour être aidés dans leur méditation. C’est dāna. Le moine récite une formule, irradie mettā et partage les mérites. C’est naturel car il dépend des laïcs pour sa subsistance. Lorsqu’il rentre de sa tournée d’aumône, il doit rayonner mettā à leur intention.

« Puissiez-vous en rendant hommage au triple joyau vivre longtemps, être beaux, heureux dans le corps et l’esprit et avoir de la vigueur. Puissiez-vous avoir longévité, santé, renaissance dans les plans célestes et atteindre nibbāna. Puissiez-vous obtenir très rapidement tout ce que vous souhaitez. »

C’est une bénédiction propre aux paccekabuddhā. Les laïcs ont l’habitude d’offrir les quatre nécessités du moine, mais offrir aux laïcs n’est pas habituel. C’est très bénéfique selon le Buddha car les yogis tentent de se débarrasser des kilesā et peuvent être assimilés au Sangha.

Il faut pratiquer les deux types de méditation samatha et vipassanā mais savoir qu’elles poursuivent des buts différents. Samatha vise à se débarrasser des empêchements, mène au plan des brahmā mais ne permet pas de comprendre anicca, dukkha et anatta. Il existe 40 sujets parmi lesquels Buddhānussati, les 32 parties répugnantes du corps et maraṇasati (la vie est incertaine, la mort est certaine).

Vipassanā permet de se libérer dans la mesure où l’on comprend anicca, dukkha et anatta. L’esprit est très rapide et au début il n’est pas possible de le maintenir sur l’objet. S’il y a des pensées, l’attention et la concentration ne peuvent se développer. Il n’est pas possible de comprendre anicca, dukkha et anatta. L’effort ardent (ātāpa) est nécessaire. Il faut comprendre la caractéristique, la fonction et la manifestation de tout ce qui se passe en nous. C’est parfois l’un qui nous apparaît, parfois l’autre. Il n’y a pas vraiment d’ego en nous, que des phénomènes physiques (paṭhavī, āpo, tejo, vayo) et mentaux.

Les instructions sont simples : noter tout ce qui apparaît aux six portes sensorielles, mais la pratique est difficile. L’esprit est comme un singe, depuis toujours, nous éprouvons les sens comme nous le voulons. Observer le mouvement de l’abdomen permet de contrôler l’esprit. Si nous sommes attentifs, nous expérimenterons « l’air qui supporte l’abdomen » comme le dit la phrase en pali. Le yogi explique cela avec ses mots à l’entretien : « j’ai l’impression que quelque chose pousse l’abdomen vers le haut, le tire vers le bas. S’il poursuit son observation, il expérimentera chaque fois autrement ce mouvement, comme de l’extension, de la contraction, comme anicca, ou dukkha, ou anatta. Si l’attention est forte, il voit le début et la fin des phénomènes, et plus seulement la partie centrale. Il voit une succession de petits segments et expérimente anicca directement. La même chose vaut pour les autres impressions sensorielles.

Bref, vous êtes libres de pratiquer samatha, mais sachez que cela ne mène pas à la libération.

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