Le plaisir de l’attention

Le Buddha a exhorté les bhikkhū à prendre plaisir à être attentif, à se réjouir de l’attention plutôt que de la sensualité. Les puthujjana se complaisent dans la vision, l’audition, l’odorat, la gustation, le toucher et la pensée. Ils laissent l’esprit libre de faire ce qu’il veut. Mais sans garder l’esprit, il n’est pas possible d’être calme, paisible et débarrassé des pollutions mentales.

Au début de la retraite, les yogis ne parvenaient pas à noter tous les phénomènes, mais désormais ils ont développé une certaine habilité à le faire. Ils emportent l’attention partout avec eux et développent la claire compréhension (sampajañña), soit la capacité à comprendre clairement, à fond et complètement. L’esprit est rapide et difficile à contrôler. Il faut le maintenir constamment fixé sur le corps. Un effort physique et mental est nécessaire. Les yogis sont désormais capables de noter les mouvements de l’abdomen, les ressentis, les contacts sensoriels et les pensées quand ils se manifestent. Ils notent les activités quotidiennes aussi. Ils n’oublient pas de noter quand ils se lèvent, s’asseyent, sont heureux, tristes, etc. Leur esprit est purifié.

Lorsque nous parvenons à tout noter, nous commençons à nous réjouir de l’attention, ce qui demande de noter continuellement et d’éliminer les pollutions mentales. Nous pouvons donc juger pour nous-mêmes si nous sommes parvenus à garder les sens et à nous en réjouir.

Nous commençons alors à comprendre les bénéfices de satipaṭṭhāna et à apprécier la solitude. Ceux qui parviennent à l’apprécier sont qualifiés de vainqueurs car ce n’est pas facile. Un tempérament peureux peut être surmonté par l’attention. Nous voyons des petits mouvements qui apparaissent et disparaissent et comprenons qu’il y a une succession de naissances et de morts. Nous développerons aussi le contentement. Il n’y a plus beaucoup de désirs. Nous franchirons les différentes étapes de connaissance et nous nous débarrasserons de taṇhā.

Autrefois les bhikkhū à Savatthi virent Pāveyyaka, le vieil éléphant du roi Pasenadi, s’enfoncer dans un marais. On entonna une musique militaire qui lui donna un regain d’énergie et lui permit de se dégager. Le Buddha instruisit aux moines de se dégager du marais des pollutions mentales. Au moment où le yogi est débarrassé des impuretés, il comprend le corps et l’esprit, les causes et les effets, les caractéristiques d’impermanence, de souffrance et de non-soi. C’est la connaissance intuitive ou la claire compréhension.

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