L’entretien (suite) & sabhāva, sankhata et samaññā lakkhaṇa

Nous avons vu hier les quatre types d’objets à observer et à décrire lors de l’entretien. Il faut les observer du début à la fin. À la marche, on se concentre sur le bas de la jambe et on observe le mouvement du tout début à la fin. À l’entretien, nous devons dire si nous en avons été capables et, si oui, qu’avons-nous vu ? La forme, la position ? Les qualités (lourdeur, poussées,…) ? Le mouvement vers le haut du lever s’arrête et le mouvement vers l’avant commence, avant d’initier un mouvement vers le bas. Sommes-nous capables de saisir la fin du mouvement précédent et le début du suivant ? Il est très important de rendre compte de cette façon. Hormis l’assise et la marche, les autres objets aussi doivent être saisis de façon synchronisée : extensions, flexions, pencher, etc. L’observation de l’objet primaire est notre principale tâche.

Lorsque la concentration s’approfondit, trois caractéristiques (lakkhaṇa) seront observées successivement : sabhāva, sankhata et samaññā lakkhaṇa. La première est l’essence ou la qualité unique de chaque phénomène physique ou mental. Ainsi, on peut faire l’expérience de l’élément terre comme osseux, ferme, dur ou doux (s’il est moins dense), de l’élément du feu ou plutôt de la température comme la chaleur ou la fraîcheur, de l’élément eau comme la fluidité, la solidité, la cohésion ou l’adhésion, de l’élément air comme la raideur, la tension ou la poussée. Il existe aussi des qualités propres à chaque composante de l’esprit comme la qualité de ce qui connaît l’objet, de ce qui expérimente l’objet ou de ce qui accompagne et colore l’esprit comme le contact par exemple.

La seconde est la caractéristique momentanée des phénomènes qui ont un début, une durée et une fin (upādā, ṭhiti et bhanga) car les phénomènes apparaissent en vertu de causes.

La troisième, la caractéristique commune veut que tous les phénomènes composés, après être apparus, disparaissent. Étant impermanents, les phénomènes ne sont pas satisfaisants. Ils apparaissent en dépit de nous, en vertu de causes.

Si ces caractéristiques peuvent être perçues au cours de la méditation, notre seule tâche consiste à observer sabhāva lakkhaṇa, en observant les phénomènes au moment précis où ils apparaissent. L’instructeur ne donne pas la solution, il nous revient à nous d’observer. Vipassanā ne débute que lorsque l’on perçoit la caractéristique commune. Le progrès sera ensuite graduel jusqu’à la réalisation du chemin. Lors de l’entretien, nous devons décrire ce que nous avons expérimenté réellement par nous-mêmes, pas ce que nous avons lu, ce que nous pensons ou imaginons.

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